Séances de 2022
Séance du 15 janvier 2022
Trois communications étaient au programme de la séance.
Dans la première, Pierre Ganne a présenté les notes archéologiques de l'abbé Richard sur Saint-Merd-la-Breuille. Originaire de Bourseix, un hameau de cette commune, l'abbé Richard est né le 16 février 1878. Après des études au collège de Felletin, il est successivement professeur puis curé de la paroisse de Saint-Oradoux-près-Crocq, de 1904 à 1917. Passionné par l'étude du passé, il a laissé 90 pages de Mémoires, dans lesquelles on trouve de nombreuses références à des vestiges archéologiques situés dans sa paroisse et dans les environs : dolmens, menhirs, haches... L'abbé Richard a également signalé l'existence de villas gallo-romaines à Flay et à Ancher, ainsi que d'un château médiéval démantelé lors des Guerres de religion qui se situait à Hautefeuille.
La deuxième communication, présentée par Michèle Giffault, portait sur la teinturerie royale de laines et de soies d'Aubusson au XVIIIe siècle. Les bâtiments furent utilisés successivement par trois manufactures royales aubussonnaises : Weil, Braquenié et Saint-Jean. Pour cette étude, Michèle Giffault s'est appuyée sur les documents cadastraux, sur les cartes postales anciennes et sur les archives notariales.
Dans la troisième communication, Janine Nicoulaud a traité de l'architecture guérétoise de la fin du XIXe et début du XXe siècle. Cet exposé s'appuyait sur l'ouvrage qu'elle a récemment publié sur le sujet et qui contient de nombreuses photographies prises par l'auteur. Ces illustrations ont permis de mettre en valeur l'extérieur et l'intérieur de maisons bourgeoises à l'architecture novatrice et aux décors souvent influencés par l'Art nouveau.
Assemblée générale et séance du 19 mars 2022
Salle des fêtes d'Anzême - Présidence de Christian Vigouroux
Trois communications sont présentées lors de cette séance.
La première, par Daniel Giron, traite de l'histoire de la forêt creusoise. L'auteur retrace les grandes phases de l'évolution du boisement des pays creusois depuis la période du préboréal, (-10.000 à -9.000 avant notre ère), jusqu'à l'époque contemporaine. Le développement des diverses essences d'arbres est étroitement lié aux changements climatiques, mais aussi aux modifications du contexte démographique, économique, social et même politique. C'est ainsi que la période gallo-romaine est marquée par un fort accroissement des espaces cultivés, alors que le début du Moyen Âge voit le retour de la forêt-mère, nourricière et refuge. Les XIIe et XIIIe siècles voient l'apogée des défrichements et la quasi-disparition de la forêt. Celle-ci regagne du terrain après l'épidémie de la peste noire de 1348 et la chute démographique qui en est la conséquence. Après la Grande Guerre, on assiste à une nouvelle avancée des zones boisées et à l'introduction massive des résineux.
Dans la deuxième communication, Pierre-Yves Corbel traite des dépôts des Beaux-Arts dans les communes creusoises au XIXe siècle. C'est sous la monarchie de Juillet, à partir de 1834, qu'est mise en place une véritable politique de soutien aux Beaux-Arts, grâce à la possibilité offerte aux communes de recevoir des dépôts qui peuvent se prolonger indéfiniment. Dans la Creuse, au total 39 dépôts sont réalisés entre 1842 et 1896 au profit de 27 communes et 32 sont encore en place aujourd'hui. À noter que 7 de ces dépôts ont disparu, suite notamment à des incendies.
La troisième communication présentée par André Larigauderie traite des moulins dans la commune de Lourdoueix-Saint-Pierre. Celle-ci en a compté jusqu'à 9, dont l'origine remonte parfois au Moyen Âge. Pour chacun d'entre eux, l'auteur a retracé leurs caractéristiques et analysé les aménagements afférents (digues, étangs...). Le déclin de leur activité commence à la fin du XIXe siècle et s'accélère après 1914. Le dernier, situé à Richemont, a cessé ses activités en 1970.
Séance du 21 mai 2022
Trois communications sont au programme de cette séance.
La première, présentée par Claude Mouret porte sur la grotte de La Croisière, commune de Saint-Maurice-la-Souterraine. Il s'agit d'une grotte horizontale, creusée dans le granit, avec une entrée très basse, prolongée par une partie plus haute. Une première fouille s'est déroulée en 1966, qui a donné lieu à un compte rendu dans les Mémoires de la Société en 1967. Ce site a d'abord servi d'abri à l'époque préhistorique et quelques vestiges ont été retrouvés (silex, tessons de poteries). Cette grotte offre au total un intérêt certain, tant du point de vue géologique et géomorphologique que par la biodiversité qu'elle recèle.
La deuxième communication, présentée par Jean-François Mathieu, est intitulée : Un jupon protecteur ? Elle concerne un tableau représentant Jésus recouvert d'un jupon, conservé dans l'église de La Villeneuve. L'auteur s'est interrogé sur l'origine de ce tableau et sur le cheminement qui l'a conduit dans cette église creusoise. Son origine se trouve dans l'Amérique du Sud espagnole et c'est le général Henri Freydenberg (1876-1975) qui a ramené ce tableau en France et en a fait don à l'église de La Villeneuve.
Dans la troisième communication, Denis Loche a évoqué l'aviatrice Suzanne Perret. Celle-ci est née à Gouzon où son père tenait un commerce de boucherie. Elle obtient son brevet de pilote en novembre 1931, à l'âge de 19 ans. La même année, elle participe à la coupe Dunlop d'aviation. Arrivée deuxième lors de la première étape disputée entre Cannes et Marignane, elle ne prend pas le départ de la seconde étape vers Carcassonne. Plus tard elle participe à d'autres meetings aériens. En 1934 elle épouse à Chambon Pierre Blondin, dont elle divorce quelques mois plus tard. Suzanne Perret est décédée à Chambon le 3 septembre 1951.
Séance foraine du 16 juillet 2022
Salle polyvalente de Felletin
Quatre communications ont été présentées lors de la séance qui s'est déroulée le 16 juillet après-midi.
Dans la première, Jean-Luc Léger a évoqué le monument aux morts situé au lieu-dit Les Combes sur la commune de Felletin. Sur ce monument sont inscrits 6 noms, appartenant tous à la même famille : les 4 frères Ferrand et 2 de leurs cousins. L'auteur a retracé pour chacun d'eux leur parcours civil et militaire. Le cas de cette famille est une nouvelle illustration de l'hécatombe provoquée par la Grande guerre dans les familles creusoises.
Dans la deuxième communication, l'archéologue Jacques Roger a rendu compte des fouilles réalisées en 2021 sur le site du monastère Saint-Martin à Moutier-Rozeille. Celles-ci ont utilisé les techniques les plus modernes et ont permis de préciser les grandes étapes de l'occupation des différentes zones du site, depuis l'antiquité jusqu'au XVe siècle.
La troisième communication portait sur un sujet de sciences naturelles. Jean-Pierre Lécrivain y a évoqué un oiseau emblématique du plateau de Millevaches, la Pie-grièche grise. Cet oiseau, dont le biotope est constitué par les tourbières et les prairies humides est aujourd'hui en régression et menacé de disparition sur ce territoire. En 2022, il ne reste plus sur le plateau qu'une quinzaine de couples.
Dans la quatrième communication, Marie Soulard et Didier Rimbaud ont traité des églises romanes du sud de la Creuse, essentiellement celles de Clairavaux et de Saint-Frion. L'origine de l'église de Clairavaux remonte au XIIe siècle. Elle a été transformée au XVe siècle par l'ajout d'une chapelle destinée à accueillir le tombeau de la dame de Clairavaux. On peut y admirer un calendrier peint dont subsistent les 9 premiers mois de l'année. L'église de Saint-Frion qui remonte au XVe siècle a elle aussi connu plusieurs modifications. Elle comprend aujourd'hui 2 chapelles du XVIIIe siècle et le choeur est orné d'une très belle fresque représentant Saint-Jean et Saint-Pierre.
Séance du 10 septembre 2022
Lors de cette séance, seulement deux communications ont été présentées, Daniel Dayen indisponible n'ayant pu présenter celle qu'il avait prévue sur Crimes et faits divers de la Creuse en chansons.
Dans la première, Paul Busuttil nous a présenté les Remy de la Champagne à la Creuse, parcours d'une famille aux XVIIIe et XIXe siècles. Son exposé s'appuie principalement sur un manuscrit rédigé à Paris en 1777 par Claude Remy, intitulé Le triomphe de la Vertu qui détruit le vice et transmis de génération en génération dans la famille de Paul Busuttil. Claude Remy, doté d'une bonne instruction, a quitté sa Champagne natale pour s'installer à Paris en qualité de maître-écrivain juré. Son fils, Marie-Jean Remy est secrétaire du duc du Châtelet avant la Révolution et sera sous-préfet d'Aubusson sous le Consulat et l'Empire. Le petit-fils, André-Alphonse succède à son père comme sous-préfet d'Aubusson avant d'être nommé à Boussac. Les Remy fournissent un bon exemple d'ascension sociale et de mobilité géographique à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles.
Dans la seconde communication, Étienne Ménager présente un état de la recherche et des pistes de réflexion sur la géographie des limites médiévales dans le nord-est de la Creuse. L'auteur, doctorant en histoire médiévale, nous a montré l'apport de la cartographie dans la connaissance d'un territoire. Dans la première partie il a croisé de façon très éclairante limites religieuses et limites politiques. Il a ensuite montré l'intérêt majeur de la cartographie des possessions des abbayes, qui s'avère un bon indicateur des dynamiques territoriales, et de celle, également très éclairante, des courants artistiques.
Séance du 19 novembre 2022
Trois communications ont été présentées lors de cette séance.
Dans la première, Sébastien Versanne-Janodet traite de la banalisation des milieux aquatiques limousins. L'auteur, directeur de la maison de l'eau et de la pêche de Corrèze, part d'une constatation, faite couramment, de la dégradation des cours d'eau. En fait la réalité est plus complexe. Les diverses pollutions font que les eaux de qualité médiocre progressent dans le bassin de Creuse même s'il est encore relativement préservé. La conséquence est la disparition d'espèces de poissons exigeantes comme le chabot et la prolifération des espèces intrusives.
Dans la deuxième communication, Michèle Parouty nous présente un plan inédit, datant de la fin de l'Ancien Régime, des quartiers Saint-Martial et Saint-Éloi de Chambon. Cette présentation permet à Michèle Parouty d'évoquer les conséquences des très violents orages qui, les 17 et 18 mai 1781, provoquent de graves inondations dans le quartier Saint-Martial. En cause, un petit ruisseau, affluent de la Tardes, dont le lit est modifié par la déferlante des eaux. S'en suit un procès intenté par un menuisier qui a souffert de ces inondations. Il accuse ses voisins d'être responsables du désastre pour avoir négligé de nettoyer le râteau. Il obtient finalement du tribunal une indemnité de 300 livres.
Dans la troisième communication, Christophe Moreigne évoque le projet, finalement avorté, d'un voyage de Jean Lurçat aux États-Unis en 1941. Ce projet s'inscrivait dans le cadre d'une promotion de la tapisserie aubussonnaise outre-Atlantique. Mais la demande de passeport déposée par Jean Lurçat est refusée par le secrétaire d'État à l'intérieur de Vichy le 23 juin 1941. Ce refus est motivé, officiellement, en raison des opinions politiques du demandeur, même si Jean Lurçat n'est pas, à cette date, membre du parti communiste comme il le sera plus tard.