Séances de 2017

Séance du 21 janvier 2017

Salle des fêtes de la Providence de Guéret

Pierre M. Ganne, Erwan Nivez, Michaël Tournadre présentent les sépultures gallo-romaines de Dougier (commune de Saint-Agnant-près-Crocq, Creuse). Il s’agit d’une découverte déjà ancienne. Les auteurs ont retrouvé et étudié les objets matérialisant ces sépultures dont deux monumentaux coffres en granite dont les propriétaires ont fait récemment don au musée de Guéret.

Daniel Dayen évoque l’actualité théâtrale à Guéret entre 1840 et 1940. En 1840, Guéret s’est doté d’un petit théâtre à l’italienne, devenu salle de cinéma dans les années 1930. L’histoire du bâtiment peut être facilement reconstituée et elle l’a été. Mais tous les spectacles n’ont pas été donnés dans cette salle. Sur les pièces et les troupes ambulantes la documentation existe bien du temps des « directeurs privilégiés » mais devient lacunaire à partir des années 1870. Quant au public, on ne peut que glaner çà et là quelques témoignages, parfois sujets à caution, comme celui de Marcel Jouhandeau dans Chaminadour.

Éva Léger présente quelques aspects de sa thèse L’exil républicain espagnol en Limousin, cartographie des mémoires, des imaginaires et des appartenances, soutenue à l’université de Paris Ouest-Nanterre le 28 novembre 2014. Un exemplaire de cette thèse a été remis à notre bibliothèque.

Assemblée générale
et séance du 18 mars 2017

Salle des fêtes de la Providence à Guéret

Jacques Roger, ingénieur d’études au SRA Nouvelle-Aquitaine : L’ancienne église Saint-Hilaire à Moutier-Rozeille, bilan de 10 ans de recherches archéologiques programmées. Chaque été, depuis 10 ans, le site de l’ancienne église Saint-Hilaire à Moutier-Rozeille fait l’objet de recherches archéologiques qui ont permis de mettre en évidence 2 500 ans d’histoire : une occupation protohistorique, un mausolée gallo-romain, une église mérovingienne puis une nouvelle église médiévale, largement reconstruite à l’époque moderne.

Guy Avizou et Christian Penot : Les lendemains de la Libération dans la Creuse (25 août 1944-mai 1945). La Libération, dans le département de la Creuse, implique la relève des autorités de Vichy, mais c’est aussi le temps de la répression de la collaboration. Pour les Creusois, le retour à la vie normale est difficile, avec de nombreux problèmes de ravitaillement. C’est aussi la période de la dissolution des milices patriotiques, tandis que des plaintes contre les agissements de certains maquis sont constatées. Enfin, le retour à la démocratie est marqué par l’organisation d’élections, notamment les municipales d’avril-mai 1945.

19-21 mai 2017
73e Congrès de la fédération des sociétés savantes du centre de la France – Guéret

Marches, limites, frontières en France centrale

La séance ordinaire de mai a été remplacée par le congrès de la Fédération des société savantes du centre de la France. Les communications formeront les actes du congrès qui seront publiés dans le cadre des « Études creusoises ».

Michel Manville, Hommes et espace : la limite en question La géographie permet d’interroger la notion de limite dans toute sa complexité. Réelle ou symbolique, la frontière associe étroitement la démonstration de la valeur patrimoniale à la légitimation d’un ordre spatial et social. Plusieurs exemples dans la Creuse s’attacheront à mettre en évidence ce fil fragile et le plus souvent invisible qui organise l’espace social et ses représentations.

Quentin Choffel, Pascal Bartout, Laurent Touchard : La Ramade, un étang frontière aux marges de la retenue de Bort-les-Orgues mais au cœur des problématiques environnementales Patrimoine hydrologique du xve siècle, la Ramade est un étang creusois, dont le trait de côte borne le département du Puy-de-Dôme, à la frontière entre les régions administratives de la Nouvelle-Aquitaine et d’Auvergne- Rhône-Alpes, aux confins des influences culturelles limousines et auvergnates, drainé vers la Dordogne mais situé tout près de la ligne de partage des eaux avec le bassin de la Loire. Situé en tête de bassin versant de la retenue de Bort-les-Orgues, cet étang pose la question de l’effet possible d’une région marginale, éloignée du barrage lui-même, sur le grand lac artificiel du Massif central. Grâce à la méthode du bilan thermique, qui couple la température avec le volume ou le débit afin de relativiser les échanges thermiques entre les différents systèmes hydrologiques (cours d’eau et plans d’eau), il est proposé pour la première fois une quantification précise de l’influence de l’étang de la Ramade sur le lac de Bort-les-Orgues en passant par le cours d’eau du Chavanon. À une autre échelle géographique, la localisation même de ce très grand étang dans les marges dépeuplées du plateau de Millevaches et son cadre de nature préservée en font un lieu privilégié pour les amateurs de pêche sportive, la récréation ou encore la baignade. Cependant, suite aux problèmes de développement des cyanobactéries, celle-ci est interdite depuis 2002 et l’activité de pêche fortement réduite. Nos mesures en continu de température de l’eau permettent de comprendre le facteur majeur conditionnant le fonctionnement du plan d’eau, ses périodes de brassage et de stratification, ses relations avec la santé des organismes vivants, et de faire quelques propositions de gestion discutant la pertinence de l’installation d’un moine à la sortie de l’étang.

Martine Tandeau de Marsac : La vigne à Saint-Léonard-de-Noblat : limites dans le temps et sur le territoire À partir d’un recueil de cens dus aux consuls de Saint-Léonard-de-Noblat à la fin du XVIe siècle, une cartographie a été réalisée et une problématique ébauchée : quelle extension du territoire viticole et sur quel type de sol, apparition et disparition de la vigne dans le temps, usages ? Cette première étude doit servir à ouvrir largement le dossier de la culture de la vigne à Saint-Léonard à travers le 2e millénaire.

Sophie Krausz : Trois modèles de formation des territoires du Néolithique à la fin de l’âge du Fer dans le centre de la France (5000-50 a.c.) Cette étude sur la formation des territoires protohistoriques dans la région Centre-Val de Loire comprend deux volets : une analyse cartographique sous SIG à petite échelle et une étude archéologique à grande échelle sur trois dossiers emblématiques de la région. Le premier volet s’appuie sur la projection cartographique de 8 000 sites protohistoriques enregistrés dans la base de données Patriarche du ministère de la Culture. Cette analyse permet de dégager les principales tendances du peuplement protohistorique en région Centre, depuis les débuts de la sédentarisation, des premiers défrichements au Néolithique ancien jusqu’à la constitution des trois civitates gauloises du Centre, Turons, Carnutes et Bituriges. On peut observer que certains lieux sont occupés de manière privilégiée et continue pendant 5 000 ans, comme le bassin versant de la Loire, alors que d’autres enregistrent des fluctuations qui peuvent être liées à des transformations d’ordre économique, politique ou culturel. Le second volet de cette recherche se concentre sur une analyse à grande échelle, s’appuyant sur trois grands complexes archéologiques emblématiques de la région Centre : les célèbres sites de Fort-Harrouard (Eure-et-Loir), Sublaines (Indre-et-Loire) et Levroux (Indre) sont réexaminés pour reconstituer la formation de trois territoires singuliers dans la longue durée, du Néolithique à la fin de l’âge du Fer. Ces trois études permettent de dessiner la zone d’influence de chacun des trois sites que l’on peut finalement qualifier, à titre d’hypothèse, tantôt comme des terroirs agricoles, ou à un niveau supérieur, comme des territoires avec un fonctionnement politique autonome. Ils révèlent, séparément et ensemble, différents aspects de la complexification sociale et territoriale telle qu’elle se construit à différents moments de la Protohistoire. Observées à des échelles différentes, les problématiques ne sont pas de même nature et se situent sur des plans distincts : la petite échelle doit permettre de dégager de grandes tendances historiques et leurs liens avec le cadre géographique et naturel ; à des échelles encore plus petites, de l’Europe par exemple, on peut saisir les trajectoires de populations. Quant à la grande échelle, les questions se polarisent plus classiquement au plus près des données du terrain, archéologiques et historiographiques. Patrick Léger : L’origine de frontières entre pays lémovice, biturige et arverne dans l’actuel espace géographique du département de la Creuse En prenant en compte les particularismes géographiques de l’actuel département de la Creuse, notamment l’organisation spatiale des principaux cours d’eaux, l’étude s’appuie sur les éléments archéologiques permettant de déterminer, du Néolithique à la conquête de la Gaule, la probable évolution de l’organisation politique du territoire jusqu’à la matérialisation d’une frontière entre les trois grandes cités gauloises, Arvernes, Bituriges et Lémovices. Curieusement, les critères qui déterminent l’existence de cette frontière en dessinent une nouvelle, à l’intérieur du territoire lémovice, accréditant l’idée d’un « pays creusois » suggéré par un archéologue local de la première moitié du xxe siècle, le docteur Georges Janicaud.

Richard Jonvel, Philippe Racinet : Le site castral de La Tour-Saint-Austrille Dans ce village trois mottes, dont deux mitoyennes car seulement séparées par un ruisseau et une plus importante, sont établies de part et d’autre d’une plate-forme occupée par un établissement religieux (collégiale devenue prieuré) mentionné dans un acte du milieu du Xe siècle. Ce site complexe, situé aux confins de la Marche, du Berry et du Bourbonnais, fait l’objet d’un programme de recherches pluridisciplinaires depuis 2013.

Guylaine Brun-Trigaud : La Marche : frontière et carrefour dans l’espace linguistique du domaine gallo-roman Depuis Ch. de Tourtoulon et O. Bringuier, qui avaient parcouru la Marche en 1873 à la recherche de la limite linguistique entre les parlers d’oc et les parlers d’oïl, découvrant ce qu’on a appelé plus tard le Croissant (zone de parlers intermédiaires), on sait que cet espace est un carrefour linguistique important dans le domaine des parlers gallo-romans. À l’aide de différents types d’analyses, nous montrerons comment les faits s’articulent en l’illustrant par quelques exemples phonétiques, lexicaux et morphologiques et enfin nous verrons comment la linguistique quantitative, ou dialectométrie, apporte un regard nouveau sur cette question.

Jean-Pierre Surrault : Le Bas-Berry (Indre actuelle) entre France d’oc et France d’oïl : essai de délimitation d’une frontière culturelle (xviexixe siècles) Très longtemps le sud du Berry a été influencé par les formes de culture occitane venues de la Marche et du Limousin. La première partie présente quelques-unes de ces manifestations au plan linguistique, des coutumes et traditions religieuses ou civiles : importance des parlers marchois et poitevins, toponymie, du culte des saints marchois ou limousins, fêtes de confréries et reinages, processions, culte des morts, etc. La seconde partie s’intéresse à la délimitation vers le nord de cette région occitane berrichonne entre Bélâbre et Saint-Août avec quelques regards rapides sur sa prolongation dans le Cher actuel. En conclusion il est montré que cette « aire occitane » était très importante (un quart des paroisses environ) mais a fini par s’estomper au XIXe siècle.

Noëlle Bertrand : Une frontière dans les pacages de Naillat en 1597 Dans un contexte de guerres de religion le catholique seigneur de Dun et le protestant seigneur de Saint-Germain s’opposent en tout point. Pour leur malheur, des villageois de Naillat relèvent tantôt de l’un, tantôt de l’autre. Qu’importe ! Procureurs et greffiers sont requis. Ils se transportent sur les lieux, convoquent les « anciens » et trouvent des limites de pacages qu’il s’agira de concrétiser par des pierres aux armoiries des deux seigneurs ennemis.

Samuel Gibiat : De la Combraille aux Combrailles, ou la résilience d’une identité territoriale de marches Rétif par nature à la structuration administrative rationalisée des espaces territoriaux, le pays semble pouvoir être caractérisé comme le marqueur d’identités territoriales spécifiques aux confins de plusieurs provinces (exemple notamment de la Xaintrie, aux marges du Limousin de l’Auvergne (cf. colloque de Goulles et Pleaux, septembre 2009, La Xaintrie, identité(s) d’un pays aux marges du Limousin et de l’Auvergne, éd. Pulim, 2014). Située aux confins de quatre provinces du centre de la France, la Combraille permet de questionner ce postulat sous plusieurs rapports, au travers de la géographie physique, de la linguistique, de l’histoire administrative et des arts et traditions populaires. Plusieurs questions spécifiques seront par ailleurs débattues avant de tenter de répondre à la question centrale de l’émergence et de la pérennité de la Combraille dans le temps long :

  • Quand la Combraille émerge-t-elle véritablement et quelle place prend-elle par rapport au Nigremontois ?
  • Pourquoi une structure de polarisation administrative intrinsèque à deux têtes (Évaux et Bellegarde) ?
  • Quel rôle ont joué le « franc alleu » et les émeutes populaires du XVIIe siècle dans la permanence de cette entité territoriale ?
  • La culture du félibrige a-t-elle encouragé un phénomène de réassurance identitaire de la Combraille au tournant des XIXe et XXe siècles ?
  • Que signifie la partition sémantique de la Combraille entre trois des quatre provinces qui l’environnent (Combraille bourbonnaise, auvergnate, marchoise) ?

En conclusion, quel peut-être l’apport du cas de la Combraille à la définition du concept a priori multiforme de pays en tant qu’entité résiliente au sein d’espaces conceptualisés et administrés de façon rationnalisée par la volonté du pouvoir central et de ses relais régionaux ?

Daniel Dayen : Les suppressions de communes dans la Creuse (1806- 1848) : procédure, adhésions et résistances En 1802, un projet ; présenté par la préfecture de la Creuse, proposait la suppression de 155 communes sur les 294 existantes. Mais ne sont que 35 qui ont disparu entre 1806 et 1848, surtout à la fin de la Restauration et les débuts de la monarchie de Juillet. De peu d’étendue, de faible population, de minimes ressources, assez souvent en situation d’enclavement ou déjà réunies pour le culte à la commune voisine qui les a absorbées, les communes appelées à disparaître souffraient surtout aux yeux de l’administration de l’incapacité qu’on avait à y nommer un maire apte à assurer des fonctions de plus en plus exigeantes. On profita alors de l’établissement du cadastre pour effectuer les suppressions. Celles-ci se firent parfois sans grande passion, quelques-unes consacrant même un état de fait ; mais souvent il y eut de farouches résistances, attaché qu’on était à son clocher et plus encore à son cimetière.

Pierre Pajot : Le projet de loi Clémentel de 1919 : Un projet d’organisation administrative de la France. Quel avenir pour le centre de la France ? Jouissant d’une division administrative étroite et d’une centralisation trop abusive, les départements souhaitaient élargir le cadre trop restrictif dans lequel se meut la vie locale et desserrer les liens de la centralisation. L’organisation régionale devint alors une nécessité pour la réorganisation économique de la France. Cette idée, reprise par de nombreuses personnalités, fit l’objet de multiples rapports. Celui de Jean Hennessy, inspiré par ceux de ses prédécesseurs, retient plus particulièrement l’attention d’Étienne Clémentel, ministre du Commerce, qui en 1919 propose une réorganisation administrative de la France par la suppression des départements et la création de régions économiques. Étienne Clémentel, originaire de Clermont-Ferrand, est souvent désigné comme étant le « père de la Régionalisation ». Tous les conseils généraux des départements furent consultés à la demande des préfets. Les réponses furent diverses : plusieurs départements du centre de la France se proposèrent de former une région ayant notamment pour objectif le développement du canal de Berry. Qu’adviendra-t-il de ces propositions ?

Didier Dubant : Le département de l’Indre pendant la Seconde Guerre mondiale : une zone de repli, une marche, ou une zone frontière ? Après avoir été territoire refuge pour les Alsaciens, les Lorrains et les œuvres du musée du Louvre à partir de septembre 1939, le département de l’Indre se retrouve suite à la défaite de juin 1940 en zone libre, mais à proximité d’une nouvelle frontière : la ligne de démarcation. Ce territoire qui initialement devait être utilisé comme une zone de repli devint donc brutalement une zone frontalière avec des contraintes spécifiques. Pour les réfugiés le problème du retour fut rapidement posé. Par la suite, c’est l’étanchéité de la ligne de démarcation qui eut surtout un impact sur l’économie et la vie du département et ceci jusqu’en novembre 1942. Du point de vue militaire, si le département de l’Indre ne fut pas à cette époque une marche au sens médiéval du terme, il devint cependant une plateforme pour les actions des services spéciaux alliés, SOE et du BCRA, en zone occupée. À partir du mois de novembre 1942, la disparition de la ligne de démarcation provoqua de nouveaux changements, la zone frontière ne disparaissant que sous certains aspects et pouvant être réactivée à certains moments bien spécifiques, comme lors du débarquement allié en Normandie le 6 juin 1944. Cet exemple, lié aux événements de la Seconde Guerre mondiale montre comment l’implantation d’une frontière peut avoir un impact sur un territoire, même si celui-ci se trouve en France centrale. Philippe Goldman : Du centre de la France à la périphérie de la région Centre. Depuis longtemps, le centre de la France est réputé se trouver, après Bourges, dans le sud du Cher (à Bruère-Allichamps, ou à Vesdun, ou à Saulzais-le-Potier – sauf l’hypothèse Chazemais, dans l’Allier). Mais centre géographique ne signifie pas centre politique ou économique. Le Berry est difficile à délimiter avec précision car sous l’Ancien Régime, les limites du diocèse de Bourges, de la province, de la généralité, de l’intendance, etc. ne coïncidaient pas. Depuis la Révolution, il est assimilé aux deux départements du Cher et de l’Indre, qui sont aujourd’hui inclus dans la région Centre-Val de Loire. Celle-ci a pourtant été souvent contestée, le Cher se voyant notamment davantage d’affinités avec ses voisins de la Nièvre, de l’Allier et de la Creuse, initiateurs ensemble des « Nouvelles Ruralités ». Le véritable centre est en fait Paris, et ces quatre départements, chacun à la périphérie de sa région, en pleine « diagonale aride », sont eux-mêmes périphériques dans la France des métropoles qui se met en place.

Séance foraine du 15 juillet 2017

Salle des fêtes de Jouillat

Gérard Gouyet présente quelques sites archéologiques remarquables de la commune de Jouillat dont un grand nombre provient des recherches et prospections de Gérard Chevalier, agriculteur dans la commune.

Patrick Léger fait le point de nos connaissances sur le tertre du Pouyoux, commune de Bonnat. Quelques notes manuscrites du XIXe siècle (Bonnafoux, Bosvieux et P. de Cessac) complètent heureusement les rares écrits publiés.

Jean-Pierre Lécrivain évoque les quatre châteaux connus de la commune de Jouillat et montre l’emplacement de ceux aujourd’hui profondément remaniés ou disparus.

Denis Loche a étudié et présente la succession des différents propriétaires du château de Jouillat depuis 1490.

Noëlle Bertrand présente les modillons de l’église de Jouillat et amorce l’hypothèse de la signification du regroupement de certains d’entre eux.

Daniel Dayen montre le rôle de la statue de Notre-Dame d’Espérance à Roches, érigée en 1877 dans un contexte de tentative d’introduction du protestantisme.

Josiane Garnotel évoque la mise en eau des trois lacs, dans les années 1980 et revient sur les rapports entre les opposants à leur construction et les avis administratifs et politiques.

Séance du 9 septembre 2017

Salle de la mairie de Guéret

Daniel Dayen présente Valery Bureau-Desétiveaux, préfet de la Creuse en 1848 et grand-père de Valery Larbaud. Le séjour de Bureau-Desétiveaux comme préfet de la Creuse a été fort court : mai-octobre 1848. L’émeute d’Ajain et ses morts, le 15 juin, ne fut pas pour rien dans sa révocation. Rentré à Moulins, il fut arrêté lors du 2 Décembre et connut l’exil en Savoie puis en Suisse jusqu’en 1859. Il fut ensuite à Vichy l’avocat du pharmacien Nicolas Larbaud, créateur de la source Saint-Yorre, qui épousa l’une de ses filles, d’où la naissance de Valery Larbaud qui a plusieurs fois évoqué son grand-père dans son oeuvre, notamment dans Enfantines.

Guy Marchadier et Christophe Moreigne évoquent un lieu bien connu de nombreux Creusois, le camp de vacances de Saint-Palais-sur- Mer. Enseignant, à la tête des Presses du Massif central pendant 30 ans, administrateur de l’Union des coopérateurs du Centre, secrétaire général de la FOL avant et après la guerre, membre du Comité départemental de Libération chargé de la presse, Gaston Roussillat est l’élu du canton de Saint-Vaury durant 25 ans. Rapporteur général du budget du département, il est à l’origine de la création en 1947 du Foyer creusois (colonie de vacances et aérium) de Saint-Palais-sur-Mer. Cette réalisation majeure du conseil général fête cette année ses 70 ans.

Pour Martine Mathias l’exposition de la tapisserie française du Moyen Âge à nos jours en 1946 fut une opération pour le prestige international de l’art français. En 1946, le Musée d’art moderne de Paris consacre une immense exposition de tapisseries, 318 pièces des plus prestigieuses sont offertes à la vue du public, mais la surprise pour les visiteurs est sans doute de découvrir une école moderne de tapisserie née pendant la guerre où Lurçat, Gromaire et Saint-Saëns tiennent une place de choix. Quelles sont les racines de ce mouvement et quelles circonstances politiques favorisent cette éclosion ? C’est ce que Martine Mathias se propose d’évoquer. L’exposition connaît ensuite un retentissement international car, sous une forme recomposée, elle voyage avec succès dans de grandes capitales européennes et traverse l’Atlantique, reçue avec des hommages officiels à New York, pour terminer son périple à Montréal en 1948.

18 et 19 novembre 2017
Colloque "Aux origines de La Souterraine"

Salle des fêtes de La Souterraine


Les responsables du colloque

De gauche à droite : Anne Massoni, Université de Limoges, Hélène Mousset, Service régional de l’archéologie, DRAC Nouvelle Aquitaine, site de Limoges, Patrick Léger Société des sciences Creuse, Jean-François Muguay, maire de La Souterraine.

Ce colloque est organisé matériellement par la mairie de La Souterraine dans le cadre des manifestations pour le millénaire de la naissance de la cité. Le programme de ces deux journées et la future publication des actes résulte de la mise en synergie des organismes suivants : Le CRIHAM de l’Université de Limoges, la DRAC de Nouvelle-Aquitaine et la Société des sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse. Les Archives départementales de la Creuse, les Archives départementales de la Haute-Vienne, la région Nouvelle-Aquitaine et l’association Rencontre des historiens du Limousin sont partenaires de cette manifestation.


Quelques organisateurs du colloque

De gauche à Droite : Stéphane Lafaye (Université de Limoges), Christian Rémy (Docteur en histoire médiévale), Hélène Mousset (SRA Limoges), Claude Andrault- Schmitt (Université de Poitiers), Patrick Léger (Société des sciences de la Creuse), Jacques Roger (SRA de Limoges), Lise Boulesteix (Université de Poitiers), Florian Baret (Université de Clermont-Auvergne) et Sylvain Guillin (INRAP).

Samedi 18 novembre, communications

Florian Baret, Université Clermont Auvergne : L’agglomération gallo-romaine de Bridiers Après une présentation de l’histoire des découvertes réalisées sur le site antique de Bridiers, la communication s’attache à proposer une spatialisation de l’agglomération de manière thématique. Ainsi sont abordés successivement les nécropoles, les espaces publics et l’habitat domestique. Enfin, une recontextualisation au sein de la cité des Lémovices est proposée suivie d’une présentation rapide des résultats des travaux menés en 2017 sur le site.

Lise Boulesteix, Université de Poitiers et Jacques Roger, DRAC Nouvelle-Aquitaine : Résultats et réflexion autour de la crypte de l’église Notre-Dame Parmi les cinq cryptes majeures du Limousin figure celle de l’église Notre-Dame de La Souterraine, qui s’en détache par ses dispositions architecturales, en particulier sa partie centrale, dénommée autrefois le « tombeau des pierres écrites ». Ce dernier a fait l’objet de deux investigations archéologiques en 1950 et en 1983. Il s’agit ici d’en présenter une brève synthèse tout en développant les résultats des récentes études archéologiques, réalisées dans le cadre d’un travail universitaire engagé depuis 2008.

Claude Andrault-Schmitt, Université de Poitiers : L’abbatiale Notre-Dame : l’œuvre gothique On s’entend généralement pour décrier les campagnes de restauration de Paul Abadie. Et il est vrai qu’à La Souterraine la raideur des parements extérieurs de la partie orientale de l’abbatiale ne donne guère envie d’en admirer la puissance et la distribution. Et pourtant ! Se dissimule ici, dans l’ensemble transept/chevet, le parti architectural le plus remarquable du premier gothique limousin. Ce chantier est lié à la crypte qui en forme l’exact soubassement. Il s’insère dans une suite logique de reprises et d’embellissements réalisés à l’époque gothique, après la deuxième étape 491 de la nef avec clair-étage, et avant la plupart des étages du clocher (pour lesquels on n’a pas attendu le XVe siècle). On s’attachera particulièrement à cette partie, toujours majestueuse extérieurement et difficile à déchiffrer intérieurement en raison de la pénombre, édifiée dans le premier quart du XIIIe siècle.

Sylvain Guillin (coord.), INRAP : Le monastère d’après les sources archéologiques La présentation proposée reprend, dans les grandes lignes, le déroulement et les découvertes archéologiques faites pendant 10 ans (2004- 2014) dans et autour de l’église Notre-Dame de La Souterraine. Cette présentation permet de restituer un plan de l’ensemble claustral adossé au mur gouttereau nord de l’édifice religieux.

Stéphane Lafaye, Université de Limoges : Le monastère de La Souterraine (XIe-XIIe siècle) À la suite du chroniqueur Geoffroi de Vigeois, l’historiographie a toujours admis que Gérald de Crozant, seigneur de Bridiers, était le fondateur du monastère Sainte-Marie de La Souterraine aux alentours de l’an 1017. L’étude du contexte politique et religieux dans le premier quart du XIe siècle tend à montrer que Guillaume V le Grand, duc d’Aquitaine, fut le principal instigateur de cette fondation. Ce prestigieux appui a permis aux moines de l’abbaye Saint-Martial de se constituer un patrimoine important, faisant du prévôt un riche seigneur. L’autorité de ce dernier est rapidement contestée par les descendants de Gérald de Crozant. De plus, à partir des années 1070, le monastère est concurrencé par les chanoines réguliers de Saint-Barthélemy de Bénévent. Puis, à la fin du XIIe siècle, les bourgeois s’opposent violemment aux pouvoirs du prévôt. Pourtant, toutes ces difficultés n’ont pas empêché cet établissement à devenir un pôle majeur du réseau monastique de l’abbaye Saint-Martial de Limoges.

Christian Rémy, docteur en histoire médiévale : Bridiers et ses seigneurs (XIe-XVe siècle) La fondation de La Souterraine par le seigneur Gérald, au début du XIe siècle, amène à examiner de plus près le lignage dont ce personnage est issu. Cette famille, que l’on dit « de Bridiers » mais qui était aussi à la tête de Crozant, est mal documentée car elle disparaît dès 1137. La seigneurie de Bridiers, qui n’est pas encore une vicomté, occupe alors une situation stratégique dans le Limousin médiéval. Le premier château, celui de Gérald, correspond au site des mottes, qui sont restées longtemps le centre d’une châtellenie gouvernée à distance, par des seigneurs le plus souvent absents. À la fin du XIVe et dans la première moitié du XVe siècle, les Naillac réinvestissent la seigneurie et reconstruisent le château en son emplacement actuel. Il redevient assez rapidement une terre de vicomtes absents, géré par une modeste administration locale qui nous a laissé quelques archives.

Christian Rémy, docteur en histoire médiévale et Patrice Conte, DRAC Nouvelle-Aquitaine : La ville au Moyen Âge : habitat, histoire et organisation urbaine L’installation des moines de Saint-Martial à La Souterraine a rapidement entraîné la formation d’une petite agglomération. Si les aspirations de la bourgeoisie locale à plus d’autonomie, manifestes dès le XIIe siècle, ont été rapidement écrasées par le prévôt-seigneur, la situation de la localité sur la route royale de Paris à Toulouse, de plus en plus fréquentée, permet un développement urbain assez important à l’échelle du Limousin. Les métiers exercés par les habitants sont alors étonnamment spécialisés dans le travail de la peau. Cet essor de la ville médiévale se traduit par une expansion spatiale et par la construction de plusieurs enceintes et portes. On a aussi équipé la ville d’infrastructures collectives : chapelles, hôpital, places de marché. Enfin, l’étude des maisons montre qu’un certain nombre de demeures des XIIIe-XVIe siècle sont aujourd’hui conservées (en plus d’une forte activité constructive au XVIIIe siècle), représentatives de ce type d’édifices mais avec quelques particularités.

Patrick Léger, Piet Strick, Société des sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse Mais qu’est donc devenue la collection Fesneau ? La piste belge Au XIXe siècle, pendant plus de cinquante ans, Yves Fesneau fit des fouilles à Bridiers et fut en contact avec de nombreuses personnalités archéologiques de renom. À sa mort, la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse ne put acquérir sa collection et depuis, nul ne sait ce qu’elle est devenue. Une lettre, retrouvée dans les archives de la Société savante creusoise, fait apparaitre le nom d’un collectionneur, le baron de Hirsch…

Dimanche 19 novembre, visites

Visites de l’église, de la crypte et du bâti médiéval de la ville de La Souterraine. L’ensemble du groupe a écouté les commentaires de Claude Andrault-Schmitt (professeur émérite en histoire de l’art de l’Université de Poitiers) en déambulant de la nef au chevet de l’église Notre-Dame. Les participants ont pu apprécier les différentes étapes de construction de l’édifice entre le XIIe et le XIIIe siècle.

Cette première visite s’est achevée sur la place d’Armes par une étude des élévations de l’imposant édifice où chacun a pu observer les importantes transformations apportées par M. Abadie dans la seconde moitié du XIXe siècle. Le groupe s’est ensuite dirigé vers la crypte. Lise Boulesteix (doctorante de l’Université de Poitiers) et Jacques Roger (DRAC Nouvelle-Aquitaine) y ont expliqué les différentes phases d’occupation, repérées lors des sondages archéologiques, récemment réalisés. Ils ont clairement montré qu’un mausolée existait à l’emplacement de la crypte à la fin de l’Antiquité. Mais il est encore difficile d’établir précisément une chronologie des multiples transformations de cet espace jusqu’à la construction de la crypte actuelle au XIIIe siècle.

À 11 heures, plus de 60 personnes ont rejoint Patrice Conte (DRAC Nouvelle-Aquitaine) pour une visite du bâti médiéval. Le groupe a pu découvrir des restes du mur d’enceinte qui avait été construit autour de l’église et du monastère. À travers les rues de la ville, de nombreuses maisons médiévales ont été observées et leur élévation décrite. La plupart des maisons sont datées entre le XIVe et le XVe siècle. La plus ancienne daterait du début du XIIIe siècle. Ces maisons sont souvent localisées dans le noyau historique, mais quelques-unes sont toujours visibles dans les faubourgs de la ville médiévale.

8-10 décembre
Journées de la géologie
et de la paléontologie

BMI et Lycée Pierre Bourdan de Guéret

Pierre Boivin a présenté une conférence ayant pour thème « Le volcanisme de l’Auvergne, une histoire à rebondissements » devant un auditoire de plus de 100 personnes. À la fin de cette conférence, Pierre Boivin a répondu aux questions du public et cette manifestation s’est terminée par un vin d’honneur offert par la communauté de communes du Grand Guéret.