Séances de 2012

21 janvier 2012

Nouvelles notes de protohistoire, âge du bronze
En remplacement de la communication de Jean-Michel Monnet-Quelet, reportée à la séance de mars, Patrick LÉGER présente des recherches conduites essentiellement dans les archives de la Société des sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse qui permettent de cataloguer de nouveaux objets de l’âge du bronze découverts dans notre département et de mieux définir quelques autres qui avaient fait l’objet de publications trop sommaires ou parfois erronées. Deux nouveaux objets sont présentés : une hache à talon découverte à Chénérailles et un moule de hache signalé dans les bois de la ville de Guéret. Des précisions sont apportées pour la hache à talon de Cressat, celle de Jouillat, la hache à talon et l’anneau de Sagnat, celle de Saint-Chabrais ainsi qu’un dépôt de haches à talon découvert près de Balaine dans la commune de Saint-Vaury. Enfin, la hache à rebords de Crozant, unique de son type dans la région et qui n’a jamais été décrite dans nos Mémoires, fait l’objet d’une courte notice.
Cherdon-Pisseratte, la céramique du haut Moyen Âge

Le projet de construction d’un pôle de gériatrie initié par le Centre hospitalier de Guéret a nécessité une fouille archéologique près des lieux dits Cherdon et Pisseratte, commune de Guéret, sous la direction scientifique de Christophe Colliou, chercheur associé à l’Université de Caen. La particularité du site tient en la présence importante de déchets métallurgiques. Cette fouille a ainsi permis de mettre en évidence une activité artisanale liée au travail du fer, superposée à une installation agricole dont l’occupation s’étend du VIIe au IXe siècle. Bérengère COMMERÇON, céramologue, présente la céramique découverte sur le site. Le vaisselier du haut Moyen Âge dans la région de Guéret est peu connu ; cependant l’étude comparative des céramiques recueillies et des datations au radiocarbone 14 ont permis de dater les comblements des structures en creux et des épandages métallurgiques. De plus, cette étude a été l’occasion d’illustrer un faciès céramique méconnu de la fin du haut Moyen Âge. Alors que les pâtes des céramiques présentent une diversité technique, les poteries identifiées correspondent à un répertoire limité à deux formes principales (pot et cruche) dont seuls les bords montrent une variété de profil. Cette communication qui avait été prévue en novembre 2011 a été publiée dans le tome 57 des Mémoires.

Enquête sur un roman policier

Il est rare que l’action d’un roman policier soit géographiquement située avec précision. Pourtant c’est bien à Pionnat et plus précisément au village de La Villetête, parfaitement reconnaissable, qu’a eu lieu le crime imaginé dans À longue échéance, paru en 1968 dans la collection Spécial police. Ce ne pouvait qu’interpeller Daniel DAYEN, originaire de la commune. L’éditeur lui a appris que l’auteur, José Michel, était en réalité Lucienne Michel. Celle-ci est bien née à Pionnat en 1904. En mention marginale de l’acte figure son mariage à Lyon en 1922 avec Thomas Carpouzis. Par internet, on découvre alors que leur fils, André Carpouzis, sous différents pseudonymes et en particulier celui d’André Caroff, a écrit plusieurs centaines de romans policiers, d’anticipation ou d’espionnage. Dans la récente réédition des volumes concernant son personnage, Mme Atomos, figure une autobiographie de l’auteur où apparaît la forte personnalité de sa mère, entraînant son mari à devenir artiste de music-hall, le couple connaissant la célébrité puis la mauvaise fortune.

17 mars 2012

Le site de plein air à occupations multiples des Tailles du Clou à Clugnat
Jean-Francois PASTY, Michel GALLEMARD et Philippe ALIX indiquent que les prospections réalisées sur le site des Tailles depuis sa découverte en 2003 ont permis de recueillir une série lithique riche de plus de 15 000 pièces. Cet ensemble n’est malheureusement pas homogène et est le résultat d’une succession d’occupations. Ce travail présente les caractéristiques techniques et typologiques des différentes occupations identifiées. Si le Paléolithique moyen est représenté par quelques pièces, le Paléolithique supérieur a livré les témoins d’occupations rarement observées dans la région, voire totalement inédites. C’est le cas des vestiges attribués à l’Aurignacien et au Badegoulien auxquels s’ajoute une composante gravettienne relativement importante. Le Néolithique final qui termine l’occupation du site est également bien représenté, comme sur l’ensemble des sites mis au jour autour de Clugnat.
Un aureus de Néron découvert dans la commune de Ceyroux

Claude BARDON et Patrick LÉGER présentent cette monnaie, trouvée au début du XXe siècle dans la « Terre de l’or », et conservée aujourd’hui par le petit-fils du découvreur qui a permis de l’étudier à nouveau. Cette monnaie a été émise en 64 ou 65 de notre ère. 5 monnaies de Néron sont connues dans la Creuse, 11 pour le Limousin. L’étude sitologique de cette découverte proche du village de Leychameau permet de penser qu’il ne s’agit pas d’une localisation liée au hasard, mais que la proximité de la voie d’Agrippa a favorisé les échanges commerciaux et par conséquent du monnayage des empereurs romains tandis que la possible exploitation des grandes aurières du bois du Creuzot et de Forgeas proches du site de découverte pourrait expliquer la prospérité du lieu et la présence de monnaies d’or dès le premier siècle de notre ère.

Jean-Baptiste Cazaud, curé, et Henri Guyot, deux personnalités antagonistes de La Souterraine

Sylvie DUSSOT et Jean-Louis MONTEL relatent la vie de deux personnalités antagonistes de la Souterraine. Henri Guyot (1847-1928), industriel et inventeur se lance dans la fabrication de marteaux-pilons pour lesquels il déposera plusieurs brevets. En 1909, il s’associe avec Louis Verdier pour la construction d’aéroplanes. Jean-Baptiste Cazaud (1795-1879), curé de la Souterraine pendant près de 50 ans, prend part et finance pour partie la fondation de la congrégation du Sauveur et de la Vierge. C’est à ses frais qu’il fait construire l’école confessionnelle de la Souterraine qu’il confie aux Frères des écoles chrétiennes.

Traits linguistiques communs au parler marchois et au « patois parisien » présent dans la littérature du XVIIe siècle

Jean-Michel MONNET-QUELET s’interroge sur la langue employée par les ouvriers maçons à Paris et sur l’incidence linguistique du « patois » parisien sur le parler marchois. Pour cela il a comparé les expressions populaires parisiennes employées dans la littérature française du XVIIe siècle et certaines expressions encore employées dans la langue marchoise actuelle. Cette communication qui était prévue pour la séance de novembre 2011 puis pour celle de janvier 2012 a été publiée dans le tome 57 des Mémoires.

12 mai 2012

Vallière qui fut chef-lieu de canton lors de la période révolutionnaire accueille la séance foraine de la Société des sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse. À cette occasion, une exposition présentant quelques aspects archéologiques, monumentaux et historiques de Vallière et des communes voisines est présentée par la Société. Les panneaux réalisés seront ensuite remis à la bibliothèque de la commune.

Découvertes archéologiques au village des Farges commune de Vallière

Patrick LÉGER signale deux découvertes au village des Farges, commune de Vallière, qui sont particulièrement méconnues. Il s’agit d’une statuette de Vénus en bronze qui n’a été signalée que par le docteur Janicaud et d’un camp retranché, à ce jour inédit, mais dont on trouve des éléments de description dans des archives manuscrites. Le château et la seigneurie de Brudieu, commune de Saint-Yrieix-la-Montagne C’est à l’ancien château de Brudieu et à ses dépendances, autrefois situés aux confins de la Marche et du Poitou, que Marie-Christine SUDRE s’est interessée. Mentionné au XIIe siècle, construit sur une butte, il ne reste plus de l’ancien logis que quelques pierres éparpillées et réutilisées dans divers bâtiments. Elle fait part des divers documents qu’elle a pu retrouver sur le château, la seigneurie et les différentes familles qui l’ont possédés jusqu’au XVIIe siècle.

La Borne (commune de Blessac),1569-1610 : l’impact des guerres de la Ligue

Jean et Catherine CHAMPAGNAT indiquent que La Borne a été du XIIIe au XVIe siècle un centre baronnial dont on imagine mal l’importance aujourd’hui. Les guerres de religion lui ont porté des coups sévères. Les témoignages architecturaux (l’église de La Borne) et historiographiques (les chroniques de l’époque) ont été confrontés aux archives inédites de l’un des notaires de La Borne. L’ensemble témoigne de la violence des guerres de la Ligue, d’une évolution frappante des mentalités et des façons de vivre pendant la période de reconstruction qui s’ensuit.

Les Despagnat de Banize

Avant son intervention, Roland NICOUX précise qu’il a choisi de présenter cette ébauche de communication à Vallière, sur les terres de Pierre Urien, en hommage à celui qui fut pour l’association des Maçons de la Creuse l’initiateur des recherches sur les mouvements migratoires des ouvriers du bâtiment. S’appuyant sur un diaporama, il a mis en parallèle la vie méconnue de deux entrepreneurs du bâtiment issus de Banize, portant le même nom sans être parents, ayant travaillé à Paris et s’étant investi à un haut niveau, à titre divers, dans les organismes professionnels nationaux et dans le domaine de la formation, tout spécialement lors de la création du Lycée des métiers du bâtiment de Felletin qui fête son centenaire.

Quelques personnalités de l’histoire de Vallière et de sa région

Vallière et les communes voisines ont donné à la Creuse leur lot de personnalités. Daniel DAYEN en a évoqué quelques-unes. Francisque Rudel du Miral, originaire du Puy-de-Dôme, dont il fut député sous le Second Empire, mais attaché à Vallière par son mariage avec Louise Furgaud du Fot, propriétaire du château de La Villeneuve, fut conseiller général de la Creuse pour le canton de Felletin et il présida l’assemblée départementale de 1867 à 1870, après avoir vainement préconisé le passage par le sud du département de la voie ferrée Lyon-Bordeaux. Surtout, après de grands travaux de modernisation, il fonda dans les dépendances du château la ferme-école du département qui fonctionna de 1849 à 1885. Le journaliste Amédée Le Faure, fils de l’entrepreneur dont parle Martin Nadaud dans les Mémoires de Léonard, fut député de la Creuse de 1879 à son décès en 1881. Il fut un grand spécialiste des questions militaires et a laissé, entre autres, une Histoire de la guerre franco-allemande 1870-1871. Son buste, inauguré en 1883, a été envoyé à la fonte en 1942 mais, devant la mairie de Vallière, subsiste le socle du monument orné d’un bas-relief montrant le député sur son lit de mort. Moins connu a été Albert Legrand, né en 1877, lui aussi fils d’un important entrepreneur. Artiste et inventeur prolifique, on lui doit notamment l’ancêtre du pédalo, un vélo repliable et surtout les premières voitures à châssis-coque. Mais la Grande Guerre fut fatale aux automobiles Legrand dont il n’a existé que quelques exemplaires. Quant au docteur Queyrat, si son nom reste attaché à ses deux volumes du Patois de Chavanat, parus en 1927 et 1930, il fut aussi une sommité médicale de réputation mondiale, spécialiste des maladies vénériennes, luttant infatigablement contre les préjugés sociaux qui leur étaient attachés.

21 juillet 2012

Francis Chigot, maître verrier

Martine TANDEAU DE MARSAC, sa petite-fille, présente le maître verrier Francis Chigot, né à Limoges en 1879, bachelier en 1896, Grand prix de sa classe aux Arts décoratifs de Limoges, qui poursuivit sa formation artistique à Paris avant d’installer son atelier de vitraux à Limoges en 1907. Soutenu par son épouse creusoise, Élina Coursaget, et une équipe de monteurs, poseurs, dessinateurs, décorateurs… hors pair, il s’est consacré jusqu’à sa mort en 1960 à décorer bâtiments civils, publics ou privés, et édifices religieux de verrières colorées et lumineuses. Quittant résolument le type de vitrail tableau du XIXe siècle il sut s’inspirer de tous les courants artistiques de 1900 à 1960 : japonisme pour ses premières verrières en émail peint, art nouveau de ses paysages limousins, art déco des années 1925-1930 pour les multiples verrières des villes d’eau comme Vichy ou vitraux abstraits après la Seconde Guerre mondiale. Il n’hésita pas non plus à utiliser des matériaux nouveaux : verres américains ou verres imprimés. Sa première restauration pour les Monuments historiques, en 1917, à la chapelle de La Borne, montra sa grande maîtrise de l’art du vitrail et lui permit d’intervenir dans de nombreux édifices en France et à l’étranger. On retrouve son nom sur les vitraux qui ornent plus de 48 églises creusoises. Il fut reconnu très tôt comme l’un des premiers rénovateurs du vitrail en France.

Sortie à La Tour-Saint-Austrille et au château de Villemonteix

Après avoir présenté les données historiques concernant le site dans l’église de La Tour-Saint-Austrille, commune de Saint-Dizier-la-Tour, Thérèse Mangeret a montré les principaux vestiges de ce village et notamment les trois mottes castrales, dont deux furent fouillées par Pierre de Cessac en 1865. Une quatrième motte fut détruite après 1520. Le défrichage entrepris par l’association De la Tour de bois au Donjon de pierres, présidée par Alain Lavédrine, permet de mettre en valeur ce site du haut Moyen Âge creusois. Le château de Villemonteix, commune de Saint-Pardoux-les-Cards, a ensuite été présenté par son propriétaire M. Lajoix. Un vin d’honneur offert par l’association et Pierre Lajoix a clôturé cette intéressante sortie.

8 septembre 2012

Margelles de puits monolithes dans les environs de Jouillat

Gérard GOUYET présente 4 margelles de puits monolithes découvertes dans les communes de Jouillat (2), Genouillac et Roches. L’une d’entre elles est de forme hexagonale avec moulures, deux autres sont octogonales et la dernière cylindrique. Ces objets semblent devoir être rattachés à la période gallo-romaine.

Maître et serviteurs à Banize au XIXe siècle : le cahier d’Alphonsine

Daniel DAYEN évoque les rapports entre maître et serviteurs à Banize au XIXe siècle à partir du cahier d’Alphonsine, servante de la famille Mazet. En 1933, Alphonsine Darfeuille est au service des descendants de la famille Mazet, possesseurs du château de Chavanat. C’est à l’intention des plus jeunes qu’elle a alors écrit un cahier où elle relate les séjours dans sa propriété de Lamant, commune de Banize, de leur trisaïeul, François-Toussaint Mazet, ce « parvenu de la truelle et de la taloche », dont parle Martin Nadaud, qu’elle avait connu dans les années 1870, alors qu’elle était tout enfant. Y sont évoqués la vie quotidienne du maître et de ses domestiques, journaliers et métayers, et aussi quelques moments particuliers, comme le jour de l’An, où, dans un cérémonial bien réglé, chacun venait présenter ses voeux au patriarche et recevait la récompense que lui valait son rang dans la maison.

Le docteur Billaud (1904-1943). Un médecin creusois à Montluçon

Madame Georgette RORET présente la vie du docteur Billaud, médecin, né à Lavaufranche, et décédé à Montluçon où il exerçait. Cet homme que l’on appellera « le médecin des pauvres », auxquels il ne demandait pas d’honoraires, fort estimé par la population, ajouta à son engagement social et politique celui de résistant. Son cortège funèbre fut suivi par une foule considérable. Une rue de Montluçon porte son nom et une plaque évoquant sa mémoire a été récemment dévoilée dans cette ville.

Louis Lacrocq, Crozant et le barrage d’Éguzon, un combat perdu

Patrick LÉGER, à partir d’informations trouvées principalement dans les archives de notre Société, retrace le combat de défense du patrimoine orchestré par Louis Lacrocq, entre 1921 et 1922, contre l’édification du barrage d’Éguzon. Sans qu’il soit nommé une seule fois, cette lutte se fait à l’encontre de l’initiateur du projet, l’entrepreneur Léon Chagnaud, sénateur de la Creuse. L’action de Louis Lacrocq pour sauver le site de Crozant et la vallée de la Creuse, si souvent représentés par les peintres de l’école de Crozant et chantés par George Sand, est étonnamment moderne en ce début du XXe siècle. Malgré les interventions de relations parisiennes de Louis Lacrocq et la mise en oeuvre d’une campagne de presse locale qui eut peu de relais dans les journaux nationaux, le projet de Léon Chagnaud fut reconnu d’intérêt public et le barrage fut inauguré en 1924 alors que les peintres désertaient Crozant.

17 novembre 2012

La bête de Noth et le puma de Gouzon… entre mythes et réalités

Jean-Pierre LÉCRIVAIN indique qu’en novembre 1982, il y a 30 ans, la « Bête de Noth » agitait la tranquillité des campagnes proches de La Souterraine : vision de la « bête », bétail agressé, psychose locale, battues… un lion, une panthère ou un « mythe collectif » ? Eté 2009, secteur de Gouzon : pendant quelques semaines, un « gros félin » réapparaît dans la Creuse : témoignages visuels, du bétail dévoré… mais l’insaisissable « bête » a disparu, laissant un mystère supplémentaire.

Site de fabrication de meules gallo-romaines de Malleret-Boussac

Ce site a été découvert le 31 Mars 2007 par Michel Gallemard et Gérard Gouyet suite à la trouvaille dans une parcelle voisine de plusieurs ébauches de meules par Philippe Lamy agriculteur au village du Theix, commune de Malleret-Boussac, lors du démontage du vieux mur d’un ancien chemin. Gérard GOUYET précise que plusieurs traces d’exploitation importante de carrières de grès et de granit subsistent dans ce secteur près du lieu dit La Perrière.

La chapelle des Forges, commune de Fresselines

Marie Christine Sudre présente au nom de Noëlle BERTRAND la modeste chapelle des Forges de Fresselines qui abrite un décor rare et raffiné : des litanies de la Vierge recouvrent la voûte en boiserie. L’ensemble est daté de 1631. Après une brève description de la chapelle, l’historique éclaire le choix d’un tel décor ; il s’attarde sur l’influence tant des religieux d’Aureil et d’Aubepierre que des familles importantes localement : les Bouchard et les Saint-Maur. La dernière partie détaille la symbolique de ces prières à la Vierge. La genèse du culte marial, surajouté à celui de saint Gilles, et le commanditaire probable de la fresque sont les deux points précisés par l’étude. Il reste deux inconnues : la date de l’adjonction du culte de la Vierge à celui de saint Gilles, et le nom de l’atelier qui aurait pu inspirer le décor.

La disparition des protestants d’Aubusson au cours du XVIIIe siècle

Quarante ans après la révocation de l’édit de Nantes, le curé d’Aubusson a dressé pour l’évêque de Limoges un état des familles et des personnes N.C. (nouveaux catholiques ou nouveaux convertis) de sa paroisse. Cet état de 1725, ignoré des historiens, diffère de celui de 1724 établi par l’intendant de Moulins. Jean-Louis BROILLIARD analyse ce document qui livre des données précises par familles avec indication des « récalcitrants ». Le nombre important de veufs, veuves et couples sans enfants est un facteur déterminant de la disparition des protestants d’Aubusson, amplifié par les départs vers Paris ou l’étranger. Jean-Louis BROILLIARD montre aussi les moyens, détournés, mis en oeuvre par la justice pour persécuter ceux qui étaient restés fidèles à la religion protestante ou apparentés à des fugitifs.

Les nomades dans la Creuse ; enfermement et assignation à résidence, avril 1940- mai 1946

En avril 1940, un décret-loi interdit la circulation des nomades sur l’ensemble du territoire métropolitain pendant toute la durée de la guerre. Christophe MOREIGNE indique que, dans la Creuse, les nomades sont d’abord concentrés près d’Aubusson. À la fin de 1940, les tribus (une vingtaine) sont dispersées dans différents cantons où elles sont assignées à résidence sous la surveillance de la gendarmerie. Le préfet de la Creuse fait procéder à l’internement de plusieurs tribus dans les camps de concentration des Pyrénées-Orientales : Argelès-sur-Mer, Barcarès et Rivesaltes, puis dans le sinistre camp de Saliers (Bouches-du-Rhône) spécialement créé par le gouvernement de Vichy pour l’internement des Tsiganes. En 1941, d’autres tribus nomades expulsées de l’Allier ou d’Alsace arrivent dans la Creuse en résidence forcée, les plaçant dans une misère totale. C’est seulement en mai 1946 que le Gouvernement prend un décret qui abroge celui qui justifiait l’assignation à résidence et l’internement des nomades.