Séances de 2004

17 janvier 2004

Photos inédites à l'appui, Gérard GOUYET a revisité les sites archéologiques anciennement connus sur la commune de Bétête et a ainsi rectifié quelques erreurs et précisé des localisations grâce à la confrontation du cadastre napoléonien et du cadastre actuel.

Une lettre de rémission a permis à Bruno LAMIGES d'évoquer une guerre privée qui, en 1499, à propos d'une question de préséance à l'église, a opposé le lignage des Saint-Julien à celui des seigneurs de Sainte-Feyre. Cette lettre permet de brosser un tableau des moeurs nobiliaires de l'époque. Elle montre aussi, en dépit des apparences, la fragilité persistante du pouvoir royal, la rémission étant l'un des moyens de s'attacher la fidélité de puissantes familles.

Les incendies qui détruisaient souvent des villages entiers furent la terreur de nos ancêtres. Grâce à la presse locale Roland TÉTARD a pu évoquer les trois sinistres, tous les trois dus à l'imprudence, qui en l'espace de moins de quinze ans dévastèrent la commune de Bussière-Dunoise entre 1862 et 1874. L'article du Conciliateur relatant longuement l'incendie du bourg montre les progrès de l'organisation des secours, progrès dont se glorifiait le régime.


20 mars 2004

Patrick Léger a présenté les recherches de René CALINAUD sur les châtelains de Drouilles réalisées à partir des cartulaires des abbayes d'Uzerche, d'Aureil, de Bénévent et du Palais-Notre-Dame. Le premier connu est Bertrandus de Drouilles, dont la naissance paraît se situer vers 950. On peut suivre la descendance de deux de ses fils, mais dans le premier tiers du XIIIe siècle les mentions de la famille se raréfient et les prénoms caractéristiques des Drouilles, en particulier celui de Boson, ne se retrouvent plus.

La communication annoncée de Jean-Dominique Meunier et Didier Delhoume portant sur « les modifications anthropiques de la ressource archéologique : l'exemple de quatre communes du sud-ouest de la Creuse » n'a pu être présentée, l'un des auteurs étant hospitalisé. Daniel DAYEN a évoqué la personnalité et l'oeuvre de Pierre Bouchardon.

La séance s'est terminée par la communication de Jacqueline SABOURIN sur un corpus de surnoms creusois recueillis par enquête orale et dont, grâce à divers témoignages, elle a cherché à déterminer l'origine. Les habitudes, le langage, la profession, quelque épisode de la vie sont quelquefois à l'origine de ces surnoms, mais c'est l'aspect physique qui est le plus déterminant. À noter que le surnom peut se transmettre de génération en génération…


15 mai 2004

Cette séance s'est confondue avec la journée d'études du LXIIIe congrès de la Fédération des sociétés savantes du Centre de la France sur le thème « Nécropoles, cimetières, arts et pratiques funéraires ». Sur les 22 communications, 10 ont été présentées par des membres de la Société. La parution des actes est prévue pour le début de l'année 2005.


17 juillet 2004

Jean-Marie ALLARD et Didier DELHOUME ont d'abord présenté un aperçu historique et architectural des commanderies hospitalières de la Creuse. Les établissements de cet ordre militaire ont été relativement nombreux dans le futur département de la Creuse, éloigné de Limoges, alors que les autres congrégations s'étaient auparavant largement implantées plus près du siège de l'évêché. Au total on a compté 26 établissements, commanderies ou dépendances agricoles, dont 15 d'origine templière, les biens de cet ordre
ayant été attribués aux hospitaliers après la dissolution de 1312. Réfugié auprès du grand maître Pierre d'Aubusson, mais en fait véritable prisonnier, le prince ottoman Zizim séjourna dans les commanderies de Morterolles, de Maisonnisses et de Bourganeuf que les récits orientaux ne distinguent pas des châteaux où il fut aussi retenu. Il est vrai que l'architecture n'en était guère différente.

Louis PÉROUAS, directeur de recherche honoraire au CNRS, a rappelé qu'avant la Contre-Réforme la confession, du moins, en ce qui concerne les fautes mineures, était collective, tout comme l'absolution. Mise en place par le concile de Trente, la confession individuelle, à l'ombre du confessionnal, fut dans la Creuse du XIXe siècle considérée par beaucoup comme une intrusion du prêtre dans la vie privée des ménages et contribua fortement à la déchristianisation. Mais l'Église en est aujourd'hui revenue aux pratiques d'autrefois…
Nombreuses en France furent les églises entièrement reconstruites au XIXe siècle. Il n'y en eut cependant qu'un peu plus d'une vingtaine dans la Creuse.

Ces reconstructions ont fait l'objet d'un mémoire de maîtrise d'Olivier GLOMET, pour qui ce petit nombre a des raisons diverses, surtout la pauvreté des communes et la tiédeur de la foi (c'est dans la chrétienne Combraille qu'elle furent les plus nombreuses). Ces églises furent édifiées par des entrepreneurs locaux, mais sur des plans standardisés, dans un style néo-roman ou néo-gothique. La vente des communaux, les impositions extraordinaires, les subventions de l'État mais aussi les souscriptions publiques assurèrent le financement.

Après la séance était prévue une visite de l'église de Glénic. Celle-ci s'est effectuée sous la conduite de M. CHEVALIER, architecte des Bâtiments de France, qui a expliqué comment les sondages réalisés à l'occasion des travaux de consolidation de l'édifice ont permis la mise au jour de vestiges d'un édifice antérieur utilisés en réemploi. L'exposition voisine de  peintures d'artistes locaux accueillit ensuite les participants. Apéritif et canapés, offerts par M. et Mme Aladenise, la municipalité et le Foyer rural terminèrent agréablement la journée.


11 septembre 2004

Serge GADY a présenté les premiers résultats des fouilles 2004 du site de Drouilles. La campagne a confirmé l'existence de deux types successifs d'habitat. De nombreux matériaux issus de l'activité métallurgique de l'époque carolingienne ont été mis au jour. Mais les découvertes les plus importantes ont été celles d'une épée, d'un étrier, d'anneaux et de fragments de l'harnachement d'un cheval qui semblent remonter au plus au XIe siècle. Seules les buttes de La Tour-Saint-Austrille, fouillées par Pierre de Cessac en 1865, avaient livré
jusqu'alors un tel mobilier archéologique.

Jacqueline SABOURIN a fait l'historique du pont de La Rochette , dont il est fait mention dès le XIIe siècle. En 1812, le conseil municipal décide d'y faire d'importantes réparations. La Creuse est alors traversée sur des poutres de chêne et la largeur de l'édifice n'est que de trois pieds, soit 0,97 m. Un pont en brique et pierre de taille permettant le passage des véhicules attelés sera construit en 1867-68. Emporté par la crue de 1960, il a été remplacé par un pont en béton, sans doute moins beau mais plus solide et plus fonctionnel.

Les meetings aériens organisés dans la Creuse au cours des années 1910- 1912 se soldèrent souvent par des hélices brisées et quelquefois même ne purent avoir lieu en raison du mauvais temps. Le Messager de la Creuse, journal très conservateur, en rendant compte de ces exploits sportifs, les accompagnait de diatribes contre ses ennemis politiques. Roland TÉTARD a souligné comment il s'en prit au maire de La Souterraine, Xavier Beletout, et surtout à Émile Coulon, l'un des organisateurs des fêtes de Guéret, franc-maçon
notoire, jugé responsable de tous les échecs et même des mauvaises conditions météorologiques !

Pierre de NUSSAC a envoyé une étude sur son grand-père, le photographe bien connu Alphonse de Nussac, étude qui complète heureusement l'exposition organisée par le service éducatif des Archives départementales. Issu d'une famille corrézienne, Eugène Goudrias de Nussac se maria en secondes noces au Bourg-d'Hem où naquit Alphonse en 1858, le premier à être déclaré sous le seul nom de De Nussac. Son enfance se déroula cependant à Montluçon où sa mère avait ouvert une institution de jeunes filles. D'abord surnuméraire des contributions indirectes, le jeune homme fit son apprentissage de photographe à Bourges et à Paris. En 1886 il vint s'installer à Guéret, d'abord place du Théâtre puis route de Limoges. L'une de ses premières clientes fut l'institutrice de Sainte-Feyre, Célestine Berthoux qu'il épousa et dont il eut huit enfants. Des milliers de portraits et près de deux mille cartes postales constituent l'oeuvre d'Alphonse de Nussac et en font un témoin privilégié de la Creuse de la Belle-Époque.

20 novembre 2004

Le busard Saint-Martin arrive sur notre territoire vers le 11 novembre, d'où son nom. Cette espèce, en régression, dont le mâle peut être confondu, de loin, avec une mouette, est comprise dans la liste des espèces à protéger de la directive oiseaux de l'Union européenne. Jean-Michel BIENVENU, diapositives à l'appui, a fait part des résultats d'une enquête en cours portant sur la distribution et la structure de l'habitat de ces oiseaux. Dans le nord-ouest de la Creuse, il a comptabilisé 24 sites, dortoirs hivernaux et sites de reproduction. Si on trouve quelquefois le busard Saint-Martin dans les bois et forêts, ce sont surtout les landes à bruyères qui constituent son habitat de prédilection, des landes cependant, dans la région, devenant de plus en plus arborées.

Historien et auteur récent, avec le généticien Raymond Julien, d'un ouvrage sur la race limousine, Philippe GRANDCOING est venu parler plus largement de l'élevage bovin dans la Creuse au XIXe siècle en analysant particulièrement les raisons de l'échec de la « race marchoise ». Défendue ardemment par quelques notables, comme le général de Solliers au Grand-Bourg, cette race, assez mal définie, a cependant souffert d'avoir un ensemble de qualités sans que chacune de ces qualités soit exceptionnelle. Bonne partout, elle n'était la meilleure nulle part. D'autre part la pauvreté des exploitations empêchait les petits exploitants d'élever des taureaux reproducteurs. Limousines, déjà présentes, et charolaises, plus tard venues, allaient donc se partager le département, en gros de part et d'autre de la Creuse.

Dans le cadre des célébrations du centenaire de la naissance du compositeur Émile Goué (1904-1946), son fils, Bernard GOUÉ, a évoqué le rôle de la Creuse dans l'inspiration du musicien. Certes, celui-ci ne vécut dans notre département que quelques années, mais son enfance à Guéret, où son père était inspecteur primaire et sa mère directrice de l'école normale de jeunes filles, et les vacances familiales passées à Gentioux le marquèrent profondément.