Séances de 2003
18 janvier 2003
L’opportunité du moment a fait que Jean-Pierre Lécrivain a pu montrer deux grands cormorans, les premiers à avoir été légalement tués dans la Creuse. Il a expliqué que cette espèce, grosse consommatrice de poissons, prolifère depuis peu dans le département, d’où une dérogation à la protection dont elle bénéficie.
Gérard Gouyet a ensuite présenté les résultats d’un sondage archéologique sur le site de Bâtisse, commune de Clugnat, auquel incitait la découverte antérieure, par Michel Gallemard, d’une centaine de silex taillés. Ce sondage n’a cependant pas révélé de couche archéologique en place, ce qui a contrario montre tout l’intérêt des prospections de surface.
Les pratiques guerrières et judiciaires de la noblesse, à la fin du XVe siècle, mises au service de ses stratégies matrimoniales, ont ensuite été évoquées par Bruno Lamiges dont le point de départ a été une affaire de rapt survenue en Haute-Marche en 1471. Cet exemple montre aussi les rapports complexes que le pouvoir royal, par le biais des lettres de rémission, entretenait alors avec sa classe noble.
Les registres paroissiaux de Vallière contiennent deux actes qui ont permis à Pierre Urien d’évoquer la légitimation d’un enfant naturel en 1677, par le mariage des parents, pendant lequel l’enfant, selon les rites en usage, avait été mis sous un voile, comme s’il n’existait pas.
Roland Tétard, à travers la presse locale, a retracé les événements, parfois cocasses, parfois dramatiques, qui ont accompagné la construction et l’exploitation de la ligne Guéret-Saint-Sébastien, ouverte en 1886 et fermée en 1940. Il s’est aussi attaché à montrer l’activité de la gare de Bussière-Dunoise, centre important d’expédition des pommes de terre.
22 mars 2003
Benoît Gaumer, auteur du volume à paraître De la Basse-Normandie et du Maine à la Creuse. Itinéraires d’agriculteurs migrants autour des années 1960 a exposé comment, voulant retracer l’itinéraire de sa propre famille, il a été conduit à élargir son enquête pour déboucher sur une synthèse permettant de répondre à la question : les migrants ont-ils bouleversé l’agriculture creusoise, question à laquelle il apporte une réponse nuancée. Une discussion animée, illustrée par les souvenirs des intervenants, a suivi son exposé.
Auteur d’une remarquable biographie de Marcel Jouhandeau parue sous le titre Marcel Jouhandeau : le diable de Chaminadour, Jacques Roussillat a développé un certain nombre de thèmes. Une discussion a suivi son exposé, à laquelle a notamment participé l’animateur Pascal Sevran, grand admirateur de Jouhandeau, venu en voisin, avec des amis, depuis Morterolles-sur-Semme.
24 mai2003
Saint-Sulpice-les-Champs
C’est devant une centaine de personnes (toutes n’ont pas inscrit leur nom sur le cahier de présences), dont de nombreux habitants des alentours, qu’ont été présentées les quatre communications inscrites au programme.
Jacqueline Sabourin, en voisine, a parlé des sites gallo-romains du canton et de leur découverte, notamment à la suite de travaux divers, d’opérations de remembrement ou de remises en culture. Elle s’est aussi attachée à la description des trois statues aujourd’hui au musée de Guéret : le Mercure d’Hays, le Mercure de Champs et le Cernunnos de Védignat.
Jean-Louis Broilliard a ensuite brossé un tableau de Saint-Avit-le-Pauvre à la veille de 1789, avec ses petits propriétaires, ses maçons migrants, son seigneur, Pierre de Courthille, doté d’une nombreuse famille, vivement chichement, mais très attaché à ses droits honorifiques, et dont les biens seront vendus aux enchères pendant la Révolution.
Daniel Dayen, comme à l’habitude, a évoqué l’histoire des conseillers généraux du canton visité, une histoire où ont beaucoup compté les Martinaud, notaires de Saint-Sulpice, qui eurent à lutter contre les Vallade, d’Ars, et contre Alexandre Aléonard, de Saint-Martial-le Mont, cependant que, dans une région très tôt orientée à gauche, dès 1922, le socialiste SFIO Neboux l’emporta sur le républicain-socialiste Guillot, notaire au Donzeil. Saint-Sulpice-les-Champs peut s’enorgueillir d’avoir compté parmi ses enfants le docteur Jamot, le vainqueur de la maladie du sommeil. Georgette Michaud, présidente du Comité Eugène Jamot, a évoqué avec chaleur la vie et l’oeuvre de cet homme de science, bienfaiteur de l’humanité. Elle a montré en particulier ce qu’il devait à son pays natal, notamment à son maître d’école et, en retour, son profond attachement à sa petite patrie.
19 juillet 2003
Jacqueline Sabourin a fait part de ses observations et de ses réflexions sur la Pierre aux neuf gradins, commune de Soubrebost. Si on ne peut remettre en question l’origine naturelle des deux bassins du sommet, il est bien vrai que les marches ont été taillées par l’homme, en deux étapes, semble-t-il. Après avoir été le lieu d’un culte local en relation avec l’eau de ces bassins, suivi d’une christianisation qu’atteste la présence de croix, l’endroit a servi à des pratiques superstitieuses de guérison. On y trouve trace aujourd’hui de rites liés au néo-druidisme.
Jean-Pierre Lécrivain a présenté le projet Natura 2000 dans la Creuse. Issu de directives communautaires européennes, ce projet n’a pas pour but de constituer des sanctuaires réduisant l’activité humaine, mais de promouvoir, par une politique contractuelle, une gestion équilibrée des habitats naturels de la faune sauvage, tenant compte des exigences économiques, sociales et culturelles.
Diapositives à l’appui, ont été présentées une quinzaine d’espèces dont il convient de maintenir la population, du lucane à la loutre, en passant par la moule perlière ou le crapaud à ventre jaune.
Visite de Jarnages
À l’issue de la réunion, les assistants se sont rendus à Jarnages où ils ont été accueillis par le maire, M. Vincent Turpinat. Après la pose derrière le célèbre canon de bois, ils ont visité l’église puis ont été reçus au château par les propriétaires, M. et Mme Carrez, qui en ont entrepris la restauration et s’efforcent d’en retrouver l’histoire. La fontaine Saint-Gervais, le puits, le lavoir, l’emplacement des murailles ont aussi été des centres d’intérêt appréciés.
21 septembre 2003
Ouvrant le programme des trois communications inscrites à l’ordre du jour Patrick Léger a fait le point sur le mégalithisme dans la commune de Pionnat où l’on peut voir, près du village de Ménardeix, un dolmen et un menhir. En fait, le menhir, pierre dressée ou redressée en 1913 seulement, pourrait bien ne pas être un véritable menhir. Il y a eu deux autres dolmens détruits au cours du XIXe siècle, cependant que d’autres amas pierreux ont pu être pris pour des mégalithes. La réalité est donc plus complexe qu’il n’y paraît.
Jean-Louis Broilliard a repris le dossier des peintres Finet d’Aubusson par le biais d’archives notariales jusqu’ici négligées. Il en ressort notamment que Gilbert Finet (1685-1745), même si aucun de ses tableaux ne paraît avoir été conservé, a bien été un peintre à part entière et non pas seulement un cartonnier.
L’imprimerie de Pierre Leroux à Boussac a été le sujet de l’exposé de Daniel Dayen qui a d’abord précisé les conditions de l’installation : dans l’esprit du philosophe il s’agissait d’exploiter son brevet d’invention d’une machine à composer ; ce fut pourtant une imprimerie classique, du moins techniquement car elle fut au centre de la communauté égalitaire. N’y furent guère imprimées, en dehors de L’Éclaireur et de la Revue sociale, que la réédition des oeuvres de Pierre Leroux. En 1848 échoua un projet de transfert à Creil et les derniers
tirages furent les circulaires électorales de Jules Leroux.
20 novembre 2003
Jacques Roger a présenté le coffre funéraire à double cavité découvert sur le territoire de la commune de Saint-Christophe. De tels objets sont rares et celui-ci est le seul où l’on a pu analyser les ossements calcinés qu’il contenait. Ils semblent appartenir à la même personne. Pourquoi alors deux cavités ? La question n’a guère de réponse.
Une seconde communication consacrée à l’archéologie, mais médiévale, a été présentée par Serge Gady, Patrick Léger et Claude Sirjacques. Elle concernait la campagne 2003 de fouilles sur le site de Drouilles, commune de Saint-Éloi. Ces fouilles montrent qu’à un habitat de l’époque carolingienne, qui a laissé de nombreux silos à grains postérieurement comblés, a succédé une construction aux murs soigneusement appareillés, au sol pavé, la demeure donc d’une famille de statut social élevé, ce que confirme la nature des objets
retrouvés, ainsi une pince à épiler.
Délaissant la Seconde Guerre mondiale dont il est un historien reconnu, Yves Durand s’est penché sur l’histoire de son village de La Celle-sous-Gouzon en illustrant les relations entre les Talabot et les Gavarni qu’avait abordées René Bourdet dans une précédente communication. Frère des célèbres hommes d’affaires, le président Pierre Auguste Talabot épousa en secondes noces la belle-mère de Paul Gavarni, propriétaire de La Spouze, avec laquelle il avait entretenu une longue liaison. Mais là ne s’arrêtent pas les relations entre les deux familles puisque Pierre Gavarni avait eu comme parrain Paulin Talabot, dont il épousa la nièce par alliance.
C’est précisément à René Bourdet qu’il est revenu de clore la séance en présentant le peintre Pierre Chartier (1894-1980) auquel le Centre culturel qu’il anime avait consacré une exposition estivale à La Spouze. Natif d’Épernay, promis à une carrière d’ingénieur mais passionné de peinture, Chartier a laissé des paysages, des scènes de la vie quotidienne et surtout des nus et des visages de femmes. Amené par la guerre à Chambon-sur-Voueize, il y continua son oeuvre dans l’indifférence et la misère.