Séances de 1975
Séance du 18 janvier 1975
— M. Aumenier signale plusieurs découvertes à Saint-Maurice-la-Souterraine : une hache en pierre (longueur 19 cm. 5, largeur 10 cm., épaisseur 4 cm. 3), au lieudit La Font-du-Loup (n“ 690, Bl) ; lune intaille ronde et noire, près du village du Verger, au lieudit Vérines (n° 978 F) ; des tuiles à rebord, des tessons de poteries, une moitié de coupe en granit, au Peu-de-l’Écaille (n“ 70 E).
— M. le Docteur Conquet présente son étude : l’abbaye de Bénévent. Les archives municipales font apparaitre, à différentes époques, des inhumations dans le cloître, dans l’église dite abbatiale, et dans la « haute église paroissiale ». Or, comme seuls les aristocrates, les notables et les abbés avaient droit de sépulture dans l’église abbatiale disparue, retrouver l’accès de cette dernière serait d’un grand intérêt par les nombreux tombeaux qu’elle renferme, par son style qui doit être du pré-roman, par le fait qu’elle communiquait probablement avec le cloître qu’il serait ainsi possible de localiser pour y retrouver d’autres tombeaux.
Séance du 15 mars 1975
— Mme Bayle (présente sa note sur le colonel Jean-François-Boniface Barailon, fils du révolutionnaire et médecin Jean-François Barailon. Né en 1796 à Chambon-sur- Voueize, les différentes dates de sa vie retracent l’histoire napoléonienne-
— Le Dr Conquet donne le motif de sa demande de fouille pour Bénévent-l’Abbaye.
— Mme Louradour, poursuivant son étude sur la commanderie de Lavaufranche, note les dîmes et autres droits acquittés par les habitants des villages, du chef-lieu de la commanderie et par ceux des membres en dépendant, les revenus et les charges, les divers officiers de justice. Bile décrit le mobilier de l’église (statues, tableaux, retable, autel, objets sacrés) aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, l’état souvent défectueux de l’église et la lenteur apportée à faire exécuter les travaux nécessaires, malgré les demandes pressantes et répétées des visiteurs consignées dans les procès-verbaux.
— Le Colonel Laporte signale la vente, à Versailles, de tapisseries d’Aubusson :
- au Palais des Congrès : tapisserie (fin XVII® siècle) représentant l’entrée d’une caravelle dans le port d’une ville fortifiée (2 m. 62 X 4 m. 95), adjugée 31.000 F. ; une tapisserie (XVe siècle), Le faiseur de feu (2 m. 27 X 2 m. 50), adjugée 22.000 F. ; une tapisserie fine (XVIII® siècle), d’après Lancret, représentant des personnages près d’une fontaine (2 m. 05 X 2m. 60), adjugée 25.000 F. ; une tapisserie (XVe siècle) représentant une scène de chasse (3 m. 25 X 2 m. 20), adjugée 21.000 F.
- À l’Hôtel des Chevau-Légers : une tapisserie (XVII® siècle). (1 m. 87 X 2 m. 42), 34.000 F. ; une tapisserie (XVIIIe siècle), 23.500 F. ; une tapisserie début XVII* siècle, (3 m. 40 X 4 m. 58), 23.000 F.
— Il signale l’exposition d’art sénégalais, au Grand-Palais à Paris (26 avril - 24 juin) qui comportait parmi des œuvres de disciplines diverses les tapisseries suivantes réalisées d’après des cartons d’artistes sénégalais dans les ateliers aubussonnais ; Le Cortège royal (30 m2), de Boubacar Diaio ; Les trois épouses. Le Jour et la Nuit, Trois Figures, Les Nuits de Thierno, de Ibore Diouf ; La liberté et Voiseau du songe, de Modou Niaug, et La Forêt, Le Bourgeon, U oiseau maléfique, de Ousmane Faye.
— M. Dallier relève dans Histoire de la littérature prolétarienne en France de Michel Ragon, quantité d’auteurs ouvriers ou paysans marchois, tels Martin Nadaud, Béranger, Pierre Dupont, Eugène Pottier, Pierre Leroux, Henri Norre, Auguste Seivry. D regrette l’oubli de Jean Petit, dit Jean du Boueix, l’auteur des Maçons de la Creuse. Il souligne qu’il y eut trois séries des Contes de la Limousine (1903, 1907, 1932). Il déplore que dans cet ouvrage ne figure pas la littérature régionaliste, en français ou en patois.
— D’autre part, il recherche, à partir du Dictionnaire de A. Carriat, les auteurs susceptibles de figurer dans une histoire de la littérature en Creuse.
Séance du 17 mai 1975
HISTOIRE NATURELLE
— M. Marchadier a envoyé la méthode pour obtenir la destruction définitive des orties sans produits dangereux : il faut faucher la plante en juin, épandre sur le sol concerné de la chaux vive et renouveler ces opérations l’année suivante.
ARCHEOLOGIE
— M. P Léger précise les localités Bénévent, Azerables, Ahun, Augères où des fouilles seront effectuées cette année-
— MM, Chaussade et Calinaud décrivent un souterrain. Situé à 800 mètres au nord du village de Magnat, commune de Montboucher, parcelle F 211, dite Sagne-Derrière, il a la forme d’un couloir coudé précédé d’une entrée et desservant trois salles.
HISTOIRE
— Le P. Louis Pérouas donne lecture de son étude sur la religion bas médiévale dans les pays creusois. De cette étude il ressort que le bas moyen-âge apparaît de plus en plus comme l’une des périodes clés de notre histoire régionale.
— M. A. Corbin, maître de conférences à la Faculté des Lettres de Tours présente son ouvrage Archaïsme et modernité en Limousin au XIX'^ siècle (1845-1880) et s’attache plus spéciale ment à montrer les contradictions qui caractérisent la région durant cette période décisive de son histoire. Il remarque, d’un côté, l’isolement de la région, le retard dans l’amélioration des réseaux routier et ferroviaire, dans le trafic postal, dans l’implantation d’un réseau de crédit, les conditions biologiques déplorables, la sous-alimentation relative des habitants, le mauvais état physiologique des conscrits, le retard de l’alphabétisation et de la diffusion du livre, l’archaïsme dans la culture, la fidélité à l’artisanat.
— D’autre part il insiste sur le fait que le Limousin était la terre promise de la démocratie, les électeurs de 1848-49 ont voté à gauche, La migration temporaire a changé l’état matrimonial, a influé sur la démographie, sur la santé, sur les idées, a modifié le comportement économique, a été une cause d’avance dans l’alphabétisation, a affaibli considérablement l’emprise des notables et des prêtres, a donné de l’importance au migrant. La gauche des migrants creusois réunis à Paris s’organise en groupes ; elle n’est plus soumise à l’emprise bourgeoise.
HISTOIRE DE L’ART
— Mme Baylé étudie une terre cuite originale de Carpeaux, au Musée de Guéret. Cette terre cuite, appelée « imploration » est une étude pour le tombeau non réalisé de la marquise de La Valette (1869-1870). Elle représente une femme assise, un genou en terre, le torse penché en avant, les bras tendus, la tête levée vers le ciel. Les membres inférieurs sont forts. Le visage et les mains sont à peine ébauchés. Cette petite statuette qui est de la main de Carpeaux, a gardé la marque des doigts du sculpteur qui modelait directement la terre, sans ébauchoir.
HISTOIRE LITTERAIRE
— M. Dallier communique une note sur Madeleine Divoux, poète de la campagne creusoise, qui réside à « Chez Babou », commune de Saint-Domet. Elle montre avec beaucoup de poésie la campagne, les chemins creux, les arbres, les haies, les ruisseaux, les saisons et aussi les traditions.
Séance du 20 septembre 1975
ARCHEOLOGIE
— M. Chatreix présente une pointe de flèche et un fragment de lame trouvés par M. G. Chanton, dans une terre dite o Las Léonardas » (554-D), près du village de La Côte, commune de Saint-Maurice-la-Souterraine.
— M. Autexier a envoyé le compte-rendu des travaux du Groupe Archéologique et Géologique de Sarcelles, dans la région d’Auzances. En 1973 les fouilles ont permis de reconnaître au lieudit a « Les Boueix » au village de Cujasseix, commune de Rougnat, trois pièces dans la partie résidentielle d’une grande villa gallo-romaine remontant au Ier siècle de notre ère.
— M. Calinaud a envoyé la liste du matériel lithique récolté sur les rives de Vassivières et sur les îlots périodiquement émergés.
HISTOIRE
— M. PÉROUAS donne lecture de sa note sur l’émigration creusoise au XIXe siècle et présente des cartes du département mettant en relief les régions de forte, moyenne et moindre émigration. Il remarque que les zones de grande émigration se trouvent, notamment à Saint-Goussaud, entre Aubusson et Auzances, dans le triangle Bonnat - Dun - Guéret et autour de Saint-Sulpice-les-Champs. Il établit un lien entre pays migrants et pays de petites propriétés et note que les communes éloignées d’une ville, telle La Chapelle-Taillefert, émigrent moins que les autres, ses habitants trouvant, là, du travail.
— M. R. Pageot a envoyé son étude sur l’enseignement primaire en Creuse, à la veille de la loi Guizot.
— M. Chatreix présente plusieurs documents tirés des papiers Valadeau qu’il dépose aux Archives départementales de la Creuse : « Les paysans marchois - limousins aux XVIIe et XVIIIe siècles » (éd. Châteauroux), le manuscrit de l’étude du château de Montaigut-le-Blanc, diverses pièces notariées (baux, contrats de mariage...).
HISTOIRE DE L’ART
— Mme Louradour présente son étude sur les reliquaires en Creuse, au cours des siècles passés.
VARIA
— Mme Chaix donne lecture de la lettre d’un Creusois, M. E- Lantaire, en Égypte et aux Indes, prouvant ainsi le goût de nos compatriotes pour les lointains voyages.
— M. de D* Eybert a envoyé une note d’héraldique sur les armes de la famille Laurens de Bourganeuf.
Séance du 15 novembre 1975
ARCHEOLOGIE
— M. P. Léger présente les diapositives montrant le tumulus d’Augères, une urne décorée au graphite et un gobelet découverts lors des fouilles effectuées en ce lieu. Il signale que les travaux effectués au Grand-Bourg, près du château de Ribbe, ont mis au jour un grand nombre de céramiques médiévales.
— M. Calinaud signale deux découvertes anciennes dans la commune de Thauron.
HISTOIRE
— M. Chatreix a envoyé une note sur la découverte d’argent par les membres du Comité révolutionnaire de La Souterraine (an II) chez un habitant. Ces derniers, requis à cet effet, grâce aux informations fournies par un ancien domestique, trouvent, dans le sol du poulailler, des écus et des objets en argent ; sous le seuil d’une porte des louis et un anneau d’or puis des titres féodaux ; sous la pierre du foyer, des objets d’argent ; enfin, sous le bois à brûler, une paire de pistolets, une épée et la « Liève des cens », dans la paroisse de Saint-Priest-Ia- Feuille.
— Mlle Le Saulx présente une étude de sociologie religieuse ; Le geste du baptême catholique dans la Creuse (1840-1910). Le délai de baptême étant de trois jours après la naissance, selon qu’il était respecté, il révélait l’esprit religieux des Creusois et leur attitude envers le clergé. Les délais relevés dans les registres des paroisses et de l’état civil indiquent les régions de plus ou moins grande foi religieuse. Certaines causes de la déchristianisation sont l’émigration des maçons creusois, l’installation de la libre-pensée (Saint-Moreil), l’influence de certains personnages (Martin Nadaud à Pontarion, Pierre Leroux à Boussac), le début de la III® République et la séparation de l’Église et de l’État en 1905.
— Mme Louradour note la vie précaire d’un instituteur creusois, d’après le registre de ses dépenses (1838-1860). Ce dernier montre la nécessité d’assumer un second emploi pour pouvoir subsister, les fournitures scolaires achetées (encre, encriers, plumes, papier, pas de livres), la visite de son chef et du curé qui est, pour lui, la source de frais supplémentaires importants, sa nourriture (rarement de la viande), les dépenses occasionnées par son mariage, puis par le décès, qui le frappe. Quelques réflexions ajoutées aux notes chiffrées révèlent le style emphatique du XIX* siècle, quelques expressions disparues et surtout la sociabilité, la serviabilité et la sensibilité du Creusois.
— M. Barret note les résultats alarmants du recensement 1975 de la population en Creuse, qui fait apparaître l’accélération de la dépopulation (146.214 habitants en 1975 et 287.181 en 1857). Notre département est le plus rural de France, celui qui a le plus faible pourcentage urbain et qui enregistre la plus forte baisse nationale. Cet état de chose est dû, en partie, au vieillissement de la population.
— M. Calinaud donne quelques éclaircissements au sujet de la famille Laurens de Bourganeuf. Cette famille appartient à une lignée de bonne bourgeoisie, pourvoyeuse d’officiers publics et municipaux, nantie de propriétés terriennes, qui eût pu entrer dans la noblesse de robe, mais qui ne figure pas dans l’Armorial général. Mais le premier des blasons représentés sur la reliure du livre d’heures de cette famille : « d’azur à trois étoiles ou molettes d’or », peut provenir des Aubusson, du fait qu'il y eut au moins quatre unions des Aubusson avec les Laurens, la première connue de 1597.