Séances de 1974

Séance du 19 janvier 1974

ARCHEOLOGIE

— M. Léger précise que le fichier archéologique de la Creuse comprendra trois fichiers. Dans l’un, les fiches seront rangées par commune, dans l’autre par auteur et dans le troisième par époque. Les fiches des deux premiers seront rangées par ordre alphabétique et retiendront les découvertes et les objets existants se rapportant aux époques préhistorique, gallo-romaine et médiévale. Ce fichier permettra l’élaboration d’une carte archéologique du département de la Creuse et sera un précieux document pour les  chercheurs.

— D’autre part, il préconise la formation d’un réseau d’informations dans tout le département, chaque secteur recevrait régulièrement un bulletin de liaison comportant les renseignements nécessaires pour joindre la personne disponible en cas d’urgence.

— Un représentant de la M. J. C. de La Souterraine parle du ramassage de surface sur le site gallo-romain de Birède (campagne 72-73) : L’étude du cadastre et du site à prospecter a permis de relever plusieurs appellations intéressantes : le ramassage de surface a fourni sur toute l’étendue du terrain (parties boisées ou en friches) des tuiles à rebord, mais aussi sur différentes parcelles des débris d’antefix, des fragments de vases (anses, fonds, rebords) en poterie de teinte noire, gris clair et ocre. La poterie noire est assez grossière, la grise est peu épaisse et d’un grain relativement lin. Les tessons ocres sont très variables tant en épaisseur qu’en finesse. Certains très épais appartiennent à des jarres ou des amphores dont on a trouvé également des fragments d’anses. Il a été trouvé aussi des tessons de sigillée avec décors d’oves ou de feuillages, un important fragment de statue représentant un cou paré d’un torque ainsi que quelques silex dont un grattoir. En bordure nord du village de Bridiers, dans le chemin dit « de la Fontaine de César » a été trouvée une hache en pierre polie.

— M. Calinaud terminant son étude sur les édifices religieux inédits du Sud-Ouest Creusois signale, à Montboucher, La Forêt dont le premier établissement est à rattacher au don de « la forêt de Chamac » consenti au monastère de Bénévent par le comte Aldebert III (1138-1158) ; à MorteroUes, Saint-Gilles, à Mourioux, Saint-Jean-de-l’Orme, à Saint-Dizier-Leyrenne, Champroi qui devait être désaffecté au milieu du XVIIP siècle ; à Saint-Moreil, Chatain dont la chapelle ou l’habitation du Prieur est signalée dans le bas du village. En tout 74 édifices religieux inédits subsistants ou disparus ont été relevés ; presque tous sont des XI*-XII* siècles, reconstruits ou restaurés à la fin du XV', du XVI' ou du début du XVII' siècle.

— Il indique, d’autre part, qu’à Saint-Priest-Palus, l’église paroissiale datait du XI' ou du début du XII' siècle, qu’il n’en demeure que quelques pierres, notamment un masque humain
pris dans la façade d’une maison à l’entrée du bourg et que la paroisse fut supprimée au XIX' siècle et divisée entre Saint-Amand-Jartoudeix et Auriat.

HISTOIRE

— M. Labrousse communique son étude sur la paroisse de Saint-Pierre-de-Fursac, d’après les registres paroissiaux qui remontent à 1693, mais dont plusieurs années manquent.

— Il indique les noms des localités, ceux des familles, la moyenne décennale des naissances, la nuptialité, la moyenne annuelle des décès et leurs causes, la durée de la vie, la population des villages, les métiers exercés par les habitants, les seigneurs de Chailjannes et autres lieux.

— M. Hemmer donne connaissance des récentes acquisitions faites par les Archives Départementales. Un lot de documents remis par Chaix ont trait, les uns à une affaire relative au
domaine de Sagneville, commune de Pionnat, entre les familles de Seiglière et Dissandes de Bosgenet ; les autres à une dispense de mariage en faveur de Jean Niveau, sieur de Sous-Faye, commune de Saint-Sullpice-le-Guérétois (copie d’une bulle du pape Alexandre VII (1655-1667) adressée à l’official et de l’autorisation de l’official). Parmi d’autres documents prêtés par M. Marchadier et photocopiés pour les Archives se trouve une bulle d’excommunication : parchemin dont le sceau de plomb porte, au droit, le nom du pape « Urbanus Papa VIII » et, au revers, les têtes des apôtres saint Pierre et saint Paul.

HISTOIRE DE L’ART

— Mme Louradour donne lecture de sa note sur le gisant de Maisonnisses qui représente un vieillard recouvert d’un manteau orné d’une croix. Sa tête repose sur un coussin et ses pieds sont appuyés contre un chien. Découvert, vers 1830, dans une terre non loin du château de la commanderie il se trouve à l’intérieur de l’église dans l’enfeu qui devait l’abri
ter primitivement. Les uns voient, en ce personnage, un Templier d’autres un Hospitalier de Malte bien que cette statue ait été classée monument historique, en 1904, avec la mention : chevalier du Temple, XIII- siècle. Après l’étude de son costume, de sa croix et de son épée, il est à remarquer que les procès-verbaux de visite ne mentionnent, dans l’église, un mausolée sans en donner de description, qu’à partir de 1700 et que la tradition orale veut que ce monument ait été élevé à la mémoire d’un commandeur (1659) de Maisonnisses, bienfaiteur de la paroisse.

 

Séance du 16 mars 1974

ARCHEOLOGIE

— M. Lefort donne un aperçu très succinct de son étude du tronçon de la voie romaine Ahun-Limoges par Bourganeuf et plus particulièrement de la partie de la voie entre La Béraude, aux abords de Montbouoher, et Pontauty sur la Vige près de Sauviat et indique en quoi son tracé diffère de ceux de MM. Courteau, Couraud et Calinaud.

— M. Léger «précise les éléments de recherche des cavités aménagées. Il faut étudier les différentes couches archéologiques, leur pendage, la roche dans laquelle est creusé le  souterrain, les pierres ou terres qui comblent les puits, les dimensions de chaque élément de l’édifice, observer les objets dans leur contexte stratigraphique, noter leurs dimensions et leur position dans la couche.

— Mme Rommeluère parle des fouilles effectuées en février 1974 par la M. J. C. de La Souterraine, au souterrain de Jeux, commune d’Azérables. parcelle 888 section F, au lieudit « Les Mazières » appartenant à M. Mathieu.

— Mme Louradour décrit l’ossarium conservé dans le parc du château de Fontvieille, commune de Vareilles. Découvert vers 1920, c’est un coffre de forme octogonale, sommé d’un cône en forme de pomme de pin (hauteur totale : 1 m. 20 ; largeur 0 m. 60). La cavité du coffre contenait une urne en verre, à deux anses et renfermait des ossements.

— Mme Chaix signale quelques objets gallo-romains trouvés à Ahun, lors des travaux de défoncement du jardin de l’Institut médico-pédagogique, en particulier : une urne funéraire en terre gréseuse blanchâtre et trois coffres d’ossarium de forme cylindrique.

— Elle signale, d’autre part, dans Je même lieu, deux bancs formés d’une grosse pierre reposant sur ce qui paraît être des chapiteaux.

HISTOIRE

— Mme Louradour signale un linteau de porte rappelant la commanderie à Maisonnisses. Situé au village des Châtres, il porte la date 1758 et une inscription comportant en
seconde ligne « En 1 de la commanderie ». 11 est à remarquer que les inscriptions des XVII' et XTVIII' siècles, furent souvent fantaisistes et par conséquent difficiles à comprendre. Cependant la place qu’oecupe le texte rédigé, la date qui le surmonte laissent à penser qu’il s’agit 'pour les rédacteurs de commémorer l’achèvement d’une construction effectuée dans la commanderie, bénéfice d’inventaire.

— M. Hemmer donne lecture de son étude : Aubusson aux XVIe et XVIIe siècles. Il précise la place de la ville d’Aubusson, au point de vue administratif, dans la Haute-Marche ; comment elle était administrée et note l’état de la société aubussonnaise, en examinant successivement les trois composantes de toute société d’ancien régime : le clergé séculier et régulier, la noblesse (nobles, officiers royaux et municipaux), le tiers-état (artisans et tapissiers). Il constate la grande cohésion et la solidarité qui régnent dans cette société et ne retire pas une impression de grande prospérité économique, mais d’activité et de vie.

— Mme Chaix communique une note sur les volontaires creusois pendant la guerre de Vendée. En mars 1793, un message demandait, pour combattre l’insurrection vendéenne, du secours au Directoire de la Creuse, qui décrétait l’envoi de fantassins et de la gendarmerie du département, mais un contre-ordre provoqua le licenciement des troupes. En juin 1793, de nouveaux secours furent sollicités. C’est à cette époque que Jean Parenton de Pionnat partit, mais ni lui, ni les armées creusoises n’eurent jamais à combattre les Chouans.


HISTOIRE DE L'ART

— Mme Baylé donne lecture de son étude sur les tapisseries d’Aubusson du XVII' siècle, classées monuments historiques et conservées à Narbonne. Celles de l’Hôtel-Dieu, actuellement à l’hôtel de ville, illustrent l’histoire d’Esther en suivant de très près le texte de la Bible et les gravures du Cabinet des estampes de la Bibliothèque Nationale.
Elles sont signées M. R. Daubusson I. D. Ce sont : Esther devant Assuérus plaidant la cause des Juifs, Esther et Assuérus à la table du banquet, Assuérus remettant à Mardochée son anneau que lui présente Esther et le triomphe de Mardochée. Les panneaux sont garnis au maximum de personnages, architectures et accessoires. Celles de l’église Saint-Paul - Saint Serge, toutes en largeur, semblant n’être que des fragments, portent la date 1696 et représentent : La Fille de Pharaon se faisant présenter Moïse par la mère de l’enfant ; Jésus rendant la vue à un aveugle ; Abraham recevant les trois anges ; un roi enturbanné présentant une femme. Les scènes occupent une petite surface au centre et sont limitées par des colonnes torses, avec de part et d’autre, des verdures importantes. Les tapisseries de la cathédrale Saint-Just comportent : Le retour de David vainqueur ; Salomon et la reine de Saba ; une verdure ; Saint Paul seul ; Saint Paul et saint Pierre face à face ; la conversion de Saint Paul sur le chemin de Damas et une tenture classée sous le titre Baptême de Clovis et recensée actuellement. Baptême du prince Djem.

— M. Hemmer présente un document appartenant à Mme Chaix ; c’est un folio tiré d’un manuscrit liturgique dont l’écriture du XIIe siècle présente dès lettres enluminées et des ors inaltérés.

 

Séance du 18 mai 1974

ARCHEOLOGIE

— M. Léger propose le regroupement, au sein de la Société, d’un certain nombre de groupes archéologiques qui effectuent des fouilles en Creuse.

— Mme Louradour signale, à Pleine-Faye, commune de Saint-Eloi, la découverte d’un souterrain comportant, pour la partie visible, une grande salle voûtée, une galerie nord-est rencontrant une galerie sud-ouest.

— M. Marlier présente l’exemplaire n" 3 de l’Inventaire des mégalithes en France. Evoquant les mégalithes de la Creuse, il explique la méthode scientifique pour les rechercher d'après plusieurs photos aériennes du même terrain prises à un moment bien déterminé et regardées ensuite à l’aide d’un binoculaire qui fait apparaître des anomalies rondes de terrain qu’il faut étudier sur le lieu même, il pourrait y avoir en Creuse plusieurs centaines de ces « ronds verts » qui sont l’indice d’un mégalithe.

— Il fait, d’autre part, un compte rendu de la conférence, à Blois, de M. Hatt, sur la survivance de la religion celte. L’archéologue, interrogé sur le Dieu au maillet du Musée de
Guéret, ne croit pas que cette divinité soit gallo-romaine et pense qu’elle pose un problème non encore éclairci.

— M. Lefort communique les résultats des fouilles effectuées à la châtaigneraie de Saint-Martin, commune de Saint-Pierre-Chérignat. Les hommes des âges de la pierre l’accommodaient des roches qu’ils trouvaient. C’est dire que lorsque les nécessités de la vie avaient conduit les hommes .préhistoriques dans les terres qui sont devenues notre département, ils avaient dû se satisfaire de la pierre qu’ils y rencontraient. A Saint-Pierre-Chérignat, le matériel paléolithique trouvé est presque exclusivement en amphibolite et en galbro, roches sans quartz, très proches du basalte dans leur aspect et leur composition minéralogique. Ici, l’outillage lithique a été récolté sur une surface de 4 à 5 m2. La surface supérieure, épaisse de 30 cm, comporte trois niveaux d’occupation donnant les types d’outils d’une même civilisation. La couche moyenne (20 cm.) contient l’industrie des graveurs de pierres. La couche inférieure, montrant deux types d’industrie correspondant à deux occupations de styles différents, a donné un four en forme de cuvette carrée (30 cm. X 30). M. Lefort présente quelques spécimens recueillis par lui : burins, pointes pédonculées, triangles à piquant trièdre, trapèzes, lames à étranglement, grattoirs à épaulement, petites
pointes bifaces, perçoirs à la partie active en ogive, petit perçoir-bec, burins-lissoirs bifaces avec signes incisés, et de petits objets découpés dans la pierre, interprétés par un auteur allemand {Revue d’Archéologie Française), comme étant des statuettes féminines paléolithiques.

HISTOIRE

— Mme Louradour donne lecture de notes relatives aux difficultés rencontrées par la voie d’Ahun lors du passage de troupes : passage de la Vieille Garde (1814) et répartition des hommes chez l’habitant, réquisition de 500 boisseaux d’avoine pour la gendarmerie de la Seine stationnée au Moutier-d’Ahun, fourniture de 4.877 rations de viande pour le 9' régiment d’infanterie légère, le 48' de ligne, le 30' de ligne, les chasseurs à cheval, la Jeune Garde de passage ou en stationnement du 29 juillet au 30 août 1815, fournitures de chevaux, boeufs et voitures pour convois ou transports militaires.

— D’autre part, elle communique, d’après des documents appartenant à Mme“ Chaix, un relevé des fournitures de pain, viande, fourrage, faites aux troupes de l’armée de la Loire, en
1815, par le département et remarque que la ville de Guéret ne fournit pas de pain, le quart seulement des rations de viande fournies par Aubusson, autant que La Souterraine et que Chénérailles, moins que Jarnages. Du fait de ces réquisitions, il était dû, au département de la Creuse, 140.000 F. Ce n’est que huit ans plus tard, en 1823, que le Préfet de la Creuse recevait un acompte de 30.000 F. à répartir entre les communes.

— Mme Chaix donne lecture d’un article paru dans la presse en 1915 : Le train de Napoléon III à La Souterraine. Ce train, qui avait été donné par la Compagnie d’Orléans en hommage à l’empereur, se composait de cinq voitures dessinées et conçues par Viollet-le-Duc : une salle à manger, un fumoir, une voiture d’honneur, une chambre à coucher, une voiture à bagages avec compartiment de première classe pour les domestiques. En 1859, une sixième voiture fut ajoutée pour le prince impérial. Ce train fut garé dans une rotonde à locomotives de la gare de La Souterraine. Les deux voitures restantes, en 1915, y ont-elles été remisées ? Quel sort leur a-t-il été réservé par la suite ?

HISTOIRE DE L'ART

— Me Dayras signale parmi la liste des Objets volés au château de Culan (Vieilles Maisons Françaises, n" 60, avril 1974, p. 60) les onze tapisseries d’Aubusson suivantes :

  • Godefroy de Bouillon, La Marche, fin XVe siècle (3.70 X 4,25) ;
  • Verdure, feuilles d’aristoloche et Licorne, Aubusson, XVIe siècle (3,20 X 2,60) ;
  • Verdure, feuilles de choux, autruche et griffon, Aubusson, XVe siècle (1,55 X 1,90) ;
  • Persée délivrant Andromède, Aphrodite, Héra, Athéna, attirés par Mercure au Temple de l'Amour, Aubusson, début XVIIe siècle (2,80 x 5,30) ;
  • Histoire du Peuple Juif, la Manne Céleste, Aubusson, XVIIe siècle (2,80 x 4,00) ;
  • Renaud et Armide, Aubusson, XVIIe siècle (2,70 X 3,00) ;
  • Porus battu par Alexandre, Aubusson, XVIIe siècle (2,70 X 3,10) ;
  • Suite Royale de l’Histoire d’Enée, Aubusson, XVlle siècle :
    • Enée fuyant Troie avec son père Anchise (3,00 X 2,70) ;
    • Enée et Achate présentés à Didon (3,00 X 4,90) ;
    • Enée racontant à Didon les malheurs de Troie (3,00 X 3,80) ;
    • Enée et Didon dans une grotte pendant l'orage (3,00 X 2,00).

 

Assemblée générale du 28 septembre 1974

— Mme Louradour donne lecture d’une note de Me Dayras sur la célèbre pendule-régulateur d’Antoine Morand (monument historique depuis 1935) qui se trouve dans le salon de Mercure du château de Versailles.

— M. P. Léger présente les diapositives des fouilles effectuées par les M. J. C. de Guéret et de La Souterraine, à Augères (fouilles d’un tumulus, décapage par tranches de 20 cm., découverte d’un mobilier important : poteries de la première époque du fer) et, à Jeux, commune d’Azérables, découverte fortuite d’un souterrain.

— M. Bordier passe aussi des diapositives se rapportant à diverses découvertes :

  • A Massenon, commune d’Ahun (fouilles d’une villa galloromaine, découverte d’imbrices ayant 60 cm. dans la plus grande dimension, de poteries, de clous et d’un foyer de terre noire). Une bague avec intaille y a été trouvée.
  • A la Madière, commune de Saint-Georges-Nigremont, découverte d’un souterrain comportant une vaste saille (4 m. 20 X 2 m. 20). A la sortie du souterrain se trouve un
    bâtiment à deux étages, dans le mur duquel est une croix. Une autre croix identique à la première et faite de trois pierres plates, se rencontre de l’autre côté de la maison.
  • A Saint-Martin-Château ont été trouvées une belle urne en verre, trois sépultures de granit sans bourrelet et renfermant des ossements humains et d’animaux.


Séance du 23 novembre 1974

HISTOIRE NATURELLE

— Mme Chaix signale un oiseau recueilli parce que tombé du nid, en forêt de Chabrières, en février. C’est un bec-croisé femelle à grosse tête, queue courte et fourchue, vol rapide et onduleux, au plumage olive et dessous jaunâtre. Assez rare en Creuse, il niche dans les conifères, surtout en hiver.

ARCHEOLOGIE

— M. Calinaud a envoyé une note : A propos de la voie romaine entre Pontauty et le Pont-de-Bège. Il reconnait que le tracé décrit par M. Lefort est le véritable. Il ne lui semble pas que cet itinéraire ait correspondu à une liaison préromaine Lémovices-Arvemes qui, d’après lui, passait plus au Sud, par Sauviat, Le Compeix et Felletin. C’est seulement après la conquête qu’il aura été utilisé pour servir d’assiette à la voie Clermont - Limoges. La reconnaissance de ce tracé ne permet pas de préciser la date, encore indéterminée, à laquelle la piste gauloise qui le suivait aura été revêtue ou doublée d’une chaussée romaine, et par suite, elle ne laisse pas, à elle seule, préjuger ni du passage de la voie agrippienne, ni de la position de Praetorium. 11 lui semble, d’autre part, que l’itinéraire de Pontauty au Pont-de-Bège par Le Nouhaut et l’Etanchoux, corresponde à d’anciens passages probablement utilisés au début de l’occupation romaine, puis abandonnés au profit d’Epagne par la voie classique et repris plus tard par le chemin médiéval.

— M. Labrousse signale la découverte d’un souterrain à Saint-Pierre-de-Fursac. La partie qui a pu être explorée s’étend sur une douzaine de mètres de long presque entièrement sous la route. La largeur est de 60 cm., la hauteur de 1 m. 70, la partie inférieure se trouvant à 3 m. au-dessous du niveau du sol. La partie supérieure est légèrement arquée.
De chaque côté se trouvent des niches espacées de 2 m. à 2 m. 50 du côté B du plan et de 3 m. à 3 m. 50 sur le côté A. Les niches ont 25 à 30 cm. de large et autant de profondeur, la partie supérieure étant en arc de cercle. Il n’a été trouvé aucun objet dans les niches ni dans le souterrain. Dans deux d’entre elles, cependant, la terre est de couleur plus foncée comme mélangée de cendres ou autre matière. Il s’agit donc presque certainement d’un souterrain refuge. Par suite d’éboulement laissant un espace vide de 40 cm. à 50 cm. seulement, il n’a pas été possible d’explorer plus loin. Un bâtiment est en construction sur le côté B dans le prolongement du souterrain. On n’a rien découvert. On en conclut qu’il ne s’étend pas plus loin dans cette direction. Par contre, en plantant des arbres sur la partie marquée de croix, il a été découvert une autre branche du souterrain. Une ouverture a été
pratiquée dans laquelle il n’a pas été possible de s’introduire par suite d’éboulement. Un sondage a permis de se rendre compte qu’il s’étend sur plusieurs mètres. Un autre souterrain avait été découvert, il y a une vingtaine d'années, à deux cents mètres à vol d’oiseau. Ensuite M. P. Léger présente des diapositives du souterrain d’Azerables.

HISTOIRE

— Mme Bertrand présente son Mémoire de Maîtrise d’Histoire : Histoire démographique de Colondannes (1623-1802). Ce pays de bocage, au sol d’une médiocre fertilité, avait 30 à 40 % de sa population active représentés par des maçons migrants qui conditionnaient .pour une bonne part la vie de la paroisse. Jusqu’au XIX* siècle, ils ne changèrent ni le pro
fond attachement à la terre, ni les habitudes alimentaires, ni l’amour du pays natal. L’étude exhaustive des registres paroissiaux a permis à l’auteur de déterminer pour ce village creusois, notamment les catégories sociales, l’évolution de la population, les moyennes des naissances, des mariages, des décès ; les taux de nuptialité et de fécondité ; les mouvements saisonniers des conceptions, les espacements entre les naissances, la mortalité infantile ; les années de moindres naissances et de nombreux décès dus à la maladie, à l’épizootie, à l’insuffisance des récoltes causée par une grande sécheresse ou par un froid long et rigoureux. Cette importante étude fait découvrir comment vivaient les paysans creusois aux XVIIe et XVIIIe siècles.

 — Le P. PÉROUAS donne lecture de son étude sur la diffusion de la Confrérie du Rosaire, au XVII* siècle, dans le pays creusois. Cette étude permet de suivre la pénétration, en Creuse, de la réforme catholique. Le XVII* siècle a vu se développer plusieurs types de confréries dont celle du Rosaire, créée entre 1620 et 1690 qui connut, comme les autres confréries, après les années florissantes qui suivaient leur fondation une stagnation et même une disparition. M. Pérouas, après des recherches dans les registres paroissiaux et dans les procès-verbaux de visite qui mentionnaient notamment dans les églises, les autels dédiés au Rosaire et les tableaux représentant saint Dominique recevant le rosaire, conclut que le nombre de ces confréries a pu atteindre 50 % des paroisses, qu'aucune région de la Creuse n’a vraiment été démunie de ces confréries, que celles-ci ont touché une très
importante proportion des paroissiens, jusqu’à atteindre la moitié de ces dernières ; que les adhésions provenaient de toutes les classes sociales et professionnelles, mais surtout du peuple et que la régression du rosaire a été plus réelle qu’apparente, la féminisation masquant le détachement du sexe masculin. Cette étude encore incomplète ne permet pas de classer le pays creusois dans une catégorie sur la carte religieuse de la France au XVIIe siècle. Elle donne cependant la possibilité de contester une opinion selon laquelle la Creuse n’aurait jamais été christianisée et d’affirmer que notre pays n’est pas demeuré hors des courants catholiques, du moins au XVIIe siècle.

— Mme Louradour présente la commanderie de Lavaufranche (Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem) aux XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles. Le château détruit en partie pendant les guerres de religion garde cependant son donjon carré du XIIe siècle. Au XVIe siècle n’existait qu’une partie du corps de logis dont les pièces communiquaient entre elles par une galerie de bois. Flanqué de tours rondes et de « guérites en cul-de-lampe » il possédait une tour carrée qui renfermait un grand escalier. Au début du XVII* siècle, il est dit que le vieux bâtiment et le neuf ne sont qu’une véritable carcasse et hors d’état d’être habités. En 1737, tout est refait à neuf, un couloir distribue le premier étage, un mur est percé d’arcades au rez-de-chaussée. Il n’avait que très peu de meubles et en mauvais état ; un vaisselier, une armoire, un coffre, un lit, une table. La commanderie possédait encore à Lavaufranche une église, des chapelles, une métairie, plusieurs étangs, un moulin banal, des bois. Bile comprenait plusieurs membres en Creuse, dans l’Ailier et dans le Puy-de-Dôme.

— M. Chatreix remet aux Archives Départementales une liasse de documents provenant des papiers Valadeau et se rapportant à la seigneurie des Heures dans la paroisse de dénie et qui appartint aux XVIIe et XVIIIe siècles à la famille Nadaud.

HISTOIRE DE L’ART

— La M. J. C. de La Souterraine donne un supplément d’informations sur la tapisserie d’Aubusson, très détériorée, qui se trouve dans l’église de Paulhac, commune de Saint-Pierre-de-Fursac. La disparition du cadre permet de voir l’agneau et les clés de saint Pierre et principalement l’inscription : Picqueaux qui doit être la signature de François Picqueaux.
Nous savons que la « tapisserie fut exécutée entre 1783 et 1787, sur l’ordre du dernier commandeur de Paulhac, Jean-Pierre de Linard, et coûta 140 livres » (voir de Berranger, Paulhac, in Mém. Soc. Sc. Cr., T. XXIV, juin - décembre 1929, p. 416). Nous savons, d’autre part, qu’un François Picqueaux appelé aussi Pitiaud ou Pitiot ou encore Piquaux issu d’une famille de peintres et de fabricants de tapisseries d’Aubusson aurait été nommé « assortisseur des laines et soies » par le roi en 1773, charge qu’il abandonna en prenant sa retraite en 1786. Il n’eut d’ailleurs pas de successeur dans cette fonction (voir H. Pérathon « Notes sur quelques Artistes Aubussonnais » in Mém. Soc. Sc. Cr., 2e série, T. I, 6* de la collection, 4“ Bulletin 1890, p. 230 à 232). Cet artiste d’une habileté exceptionnelle, nous dit-on, est certainement celui qui confectionna l’oeuvre qui nous intéresse. Il signait habituellement F. Picqueaux. Le F est ici absent mais l’orthographe du nom est la même. Les dates de confection de l'ouvrage et d’activité de l’artiste se correspondent. Celui-ci, il est vrai, avait un frère puîné, Jean Petiot qui figure sur les listes des tapissiers en 1779 puis en 1785 mais qui, lui, signait semble-t-il : Piqueau (même source que ci-dessus). Pour terminer relevons une légère erreur dans la description qu’à fait P. Toulouse du blason central de la tapisserie. Il nous l’écu, en sa partie haute, porte sur fond rouge une croix blanche, le reste est azur à trois roues d’or » alors que « le reste » est azur à trois bandes d’or. Cette tapisserie encore actuellement en l’église de Paulhac a subi plusieurs restaurations notamment en ce qui concerne l’inscription. Son état de conservation est assez lamentable. Elle est en de multiples endroits rongée par la moisissure et peut être bien aussi, tout simplement, par des animaux.