Excursion du 31 août 2019
Autour de Chénérailles
Les 53 participants à la 90e excursion de notre Société étant réunis, notre périple autour de Chénérailles peut commencer. La commune de Pionnat fera l'objet de notre première étape et Daniel Dayen, enfant du pays, sera notre guide-conférencier pour la visite de l'église puis du site mégalithique du village de Ménardeix.
L'église Saint-Martin-de-Tours - fin du XIe siècle - se compose d'une nef unique à quatre travées voûtées d'ogives, la quatrième formant chœur à chevet plat, et d'une chapelle seigneuriale au nord. En 1991, l'ensemble des ornements du chœur a été classé au titre des monuments historiques : le retable avec son tableau, le tabernacle, quatre statues et quatre stalles.
Le tout, à l'exception du tableau, date du dernier quart du XVIe siècle.
Un legs du curé Malledent est à l'origine du tabernacle, commandé à François Claude, dit Le Lorrain, sculpteur à Limoges, il a été réceptionné en 1685. Le retable occupe tout le mur oriental et se prolonge en retour sur les murs nord et sud. Dans les niches figurent les quatre statues : deux évêques qui semblent représenter saint Martin et saint Martial, saint Jean-Baptiste et saint Sébastien. Le nom du donateur figure sur le culot de deux des niches : l'entrepreneur Jean Maublanc, neveu d'Antoine Bergeron, lequel a été principal constructeur de Versailles. Originaire de la paroisse, par une clause de son testament, celui-ci a permis la construction de la sacristie, accolée au chevet. Le tableau central, représentant l'Adoration de mages, était en cours de restauration. Il est signé « Une religieuse du Sauveur » et daté de 1865. Il en a probablement remplacé un autre et pourrait provenir de l'école congréganiste toute voisine, appartenant à cet ordre fondé à La Souterraine en 1834 par Marie du Bourg et dont le supérieur était le vicaire général Léopold Dissandes de Bosgenet, originaire lui aussi de la commune. Une châsse et un bras-reliquaire sont en dépôt au musée de Guéret.
Après la visite de l'église, nous nous dirigeons vers le village de Ménardeix où notre guide nous présente l'ensemble mégalithique des « pierres fades » : un dolmen et un menhir situé à une quinzaine de mètres de l'autre côté du chemin. Ce menhir imposant haut de 3,5 m, pierre redressée (ou dressée) en 1913, laisse cependant perplexes certains archéologues quant à son authenticité. Deux autres dolmens ont été détruits au cours du XIXe siècle.
Notre car prend ensuite la direction de Chénérailles que nous traversons avant d'y revenir pour déjeuner. Nous sommes attendus au château d'Étangsannes (commune de Saint-Chabrais) par les propriétaires.
Répartis en trois groupes, nous partons pour une visite du château, de ses communs et des écuries. Manoir marchois typique du xv° siècle, bâti sur une forteresse du XIe siècle, le château appartenait à l'origine à la famille Potet, puis est passé par mariage aux Montaignac, dont une branche a porté son nom. Il a ensuite été acquis par François-Philippe Loisel, ingénieur et industriel pionnier de l'électrification des campagnes en Limousin et en Auvergne au début du xx° siècle, avant d'être cédé par ses fils à une institution privée dans les années 1950 (ainsi que la totalité de son domaine historique, qui s'étendait sur quatre communes). Il fut la propriété de la famille Petit jusqu'en 2010, et appartient désormais à la famille de Mesmay. De la forteresse du XIe siècle subsiste un vestige important : la grosse tour carrée qui fait l'extrémité ouest de l'édifice actuel.
Aujourd'hui, le château proprement dit consiste en un corps de logis long de 25 m et large de 8 m, flanqué de la tour carrée (7 m de côté) à l'ouest, d'une tour ronde de 8 m de diamètre à l'est et d'une tour d'escalier également ronde en saillie sur la façade. Nous admirons les belles écuries avec les plafonds entièrement voûtés et au-dessus une salle qui devrait, dans quelques années, être transformée en salle des fêtes.
Nous poursuivons notre visite par les communs, à l'arrière des écuries, immenses bâtiments autour d'une cour carrée.
Nous prenons congé des propriétaires et nous dirigeons vers Chénérailles où un excellent repas nous attend au Coq d'Or.
L'après-midi débute par la visite du château d'Orgnat (commune de Saint-Dizier-la-Tour) sous la conduite de son propriétaire, Michel Pougeard, et de Philippe Loy. Acquis il y a seulement quelques années par ses nouveaux propriétaires, ce château était alors en très mauvais état : tour de la façade effondrée, toitures disparues, bref l'édifice était à l'état de ruine. Grâce à un travail acharné, le château va renaître en seulement trois ans. Des toitures neuves le mettent à l'abri des intempéries et l'intérieur est entièrement repensé. Cette élégante construction se cache au fond d'un immense parc clos de murs. Du manoir de défense au xv° siècle ne reste aujourd'hui qu'un corps de logis de deux étages (Michel Pougeard envisage la réhabilitation de la tour-escalier). Nous visitons l'intérieur par petits groupes tandis que les autres excursionnistes profitent de l'ombre des grands arbres du parc.
Nous repartons pour notre dernière visite, le château de La Chezotte, maison forte du XVe siècle, construite par le trésorier de la Marche Jacques de La Ville et située dans la commune d'Ahun. Nous sommes reçus par les nouveaux propriétaires, David Millet et Cyrille Violot, avec également pour guides Michèle Giffault et Claire Barbier, historiennes des lieux. L'entrée du château se fait en franchissant les douves, toujours en eau, par un pont précédé d'un pavillon-porche fortifié surmonté de son ancien chemin de ronde. Perpendiculairement à ce pavillon, une porte fortifiée joint l'ancienne chapelle transformée en bâtiment d'exploitation. Nous commençons ici notre visite pour découvrir ensuite, passé les douves, cette splendide construction du début du xv siècle, modèle type des châteaux de la Marche : grand corps de logis quadrangulaire flanqué d'une tour carrée sur une façade et de deux tours rondes sur les angles de l'autre façade. Chaque étage comporte deux grandes pièces, telles qu'à l'origine, « salles basses » au rez-de-chaussée, « chambres hautes » aux étages et, dans les tours, de petites pièces, certainement autrefois cabinets ou garde-robes. Une flamboyante décoration néo-gothique orne le salon actuel.
Après une brève histoire du lieu, la visite se poursuit par l'ascension des 101 marches donnant accès au chemin de ronde, ininterrompu tout autour du château, d'où nous découvrons un extraordinaire panorama. Puis liberté nous est donné d'aller, pour ceux qui le souhaitent, flâner dans le magnifique parc à l'anglaise (en cours d'inscription de « parc remarquable »).
Avant notre départ nous sommes conviés par nos hôtes à nous désaltérer au pied de ce magnifique monument. C'est aussi le moment de la photo de groupe.
Merci à tous les participants, à nos guides et aux personnes qui nous ont ouvert leurs demeures.
Jean-Philippe Benoist
Gilliane Le Hello-Rommeluère