Excursion du 3 septembre 2006
Souvigny, Bourbon-l'Archambault, forêt de Tronçais (03)
Vingt ans après.
À 7 heures tapantes, le gros de la troupe ayant rejoint dans le car les quelques Bonnachons déjà installés, le départ est donné. Le respect de l’horaire est particulièrement important ; nous devons, en effet, avoir quitté l’église prieurale de Souvigny avant 10 heures, office du dimanche oblige. Après un petit crochet à Gouzon, où nous récupérons quatre participants, le voyage se poursuit. Venant de Bourges, M. et Mme Taillemite et leurs enfants nous rejoignent et, à 9 heures 30, sous la houlette d’un guide, fort compétent, mis à notre disposition par l’office de tourisme, la visite – ou plutôt les visites – commencent.
Souvigny comptait au rang des « Cinq Filles » de Cluny. Les moines s’y établirent au Xe siècle sous la protection des premiers sires de Bourbon. Autour du monastère se forma ainsi le noyau du Bourbonnais aux confins de l’Auvergne, du Berry et de la Bourgogne.
L’église prieurale Saint-Pierre et Saint-Paul est le plus grand édifice religieux du Bourbonnais. Sa construction — fort complexe — comporte trois campagnes : XIe siècle (pré-roman), XIIe-XIIIe siècles (roman) et enfin XVe siècle (gothique flamboyant).
Elle abrite les sépultures de deux saints abbés de Cluny, Mayeul et Odilon. Leur tombeau devint un haut lieu de pèlerinage au Moyen Âge, ce qui – avec le choix, au XVe siècle, des Bourbons d’être inhumés dans l’église – explique son importance et sa grande richesse architecturale et mobilière. Aujourd’hui, la communauté Saint-Jean anime la vie conventuelle du monastère.
Depuis 1986, bien des choses ont changé à Souvigny. Autour de l’église, les bâtiments conventuels et le cloître ont fait l’objet d’importantes restaurations (celles-ci se poursuivent et nous n’aurons, hélas, accès qu’au chœur de l’église, la nef étant en travaux). Ils abritent désormais deux musées : le musée du Pays de Souvigny qui présente le patrimoine de la commune et de sa proche région ainsi que des expositions temporaires (cette année consacrée à l’art sacré, « Petit abécédaire d’Art sacré », présentant des objets provenant en majeure partie du diocèse de Moulins) et le musée de la colonne du Zodiaque.
La colonne du Zodiaque est un chef-d’œuvre de l’art roman clunisien. Octogonale, elle présente sur deux faces les travaux des champs et les signes du zodiaque correspondants, puis les symboles de peuples étranges et d’animaux fabuleux. Autour d’elle sont présentés divers éléments lapidaires romans et gothiques retraçant l’histoire du prieuré : sarcophages, gisants, chapiteaux.
L’espace entre les bâtiments a été très agréablement aménagé en jardins, plantés entre autres de plantes médiévales.
Nous déjeunons au restaurant du casino de Bourbon-l’Archambault, ville d’eau (à la mode dès le XVIIe siècle) dont le nom évoque à la fois le dieu Borvo, protecteur des eaux bouillonnantes et les premiers seigneurs de Bourbon, les Archambault. Le lieu et l’accueil sont sympathiques et le repas apprécié de tous. Malgré la tentation entretenue par les machines à sous tintinnabulantes, la raison l’emporte et nous nous rendons, en car, jusqu’à l’imposante forteresse médiévale démantelée à partir de 1793.
Elle fut le siège de la résidence des seigneurs de Bourbon avant que, devenus ducs, ils n’aillent s’installer à Moulins.
Avec ses quinze imposantes tours, la forteresse servit essentiellement de défense militaire. De sa démolition – elle fut vendue à la Révolution – ne subsistent que les trois tours nord et la tour « Qui qu’en grogne » (en bordure de la ville). Ces trois tours ont été aménagées à l’attention des visiteurs et reconstituent la vie de l’époque médiévale. Les étroits escaliers à vis mènent à huit salles reconstituées allant de l’officine de l’alchimiste à la salle des armes.
Nous arrivons légèrement en retard au rendez-vous pour la visite de la forêt de Tronçais (rond Gardien ? rond Neuf ? rond Raffignon ? rien ne ressemble plus à un rond qu’un autre rond). Notre guide, une jeune femme charmante, qui se révèlera particulièrement érudite, passionnée et passionnante, ne semble pas nous en vouloir et nous conduit (en car ou à pied) sur quelques sites remarquables de la forêt (arbres célèbres, fontaines, ...) tout en nous racontant son histoire et en nous initiant aux modes d’exploitation qui y sont conduits.
Gilliane Rommeluère.