Excursion du 1er septembre 2018

Le Boischaut sud (18 - 36)

C’est avec un soleil timide mais annonciateur d’une belle journée que s’est déroulée la 89e excursion de la Société des sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse. Après un arrêt à Genouillac, notre groupe de 50 personnes se rend dans la région de La Châtre. Notre premier site visité est Le Magny, son prieuré (ISMH 2008) et son église (ISMH 1932).

Le Magny, prieuré

Nous y retrouvons Gérard Guillaume, spécialiste de l’art roman et président des Amis de la basilique de Neuvy-Saint-Sépulchre, qui nous apprend que le prieuré, sous le vocable de Saint-Michel, date du xiie siècle et qu’il était une propriété de l’abbaye de Déols. Après un récit sur les temps forts qui ont marqué ce lieu, notre guide nous fait remarquer sur sa façade des fenêtres du XVIIIe siècle qui côtoient des ouvertures Renaissance. Les bâtiments ont été vendus à la Révolution, puis ont servi de stockage à un domaine agricole. Au milieu du siècle dernier, la commune a acheté le domaine dont les dépendances, après de lourdes rénovations, ont été reconverties en mairie et en salle d’exposition.

Accolée au prieuré, l’église Saint-Michel a été consacrée en 1054. Son chœur abrite des fresques romanes, ainsi que des chapiteaux historiés révélant pour l’un d’entre eux une sirène envoûtante ; d’autres sont décorés de feuillages. Une statue en pierre polychrome du XVe siècle (Cl. MH 1971) nous montre Saint-Michel en armure terrassant le démon. Le chevet a été fortifié au milieu du XVe siècle ; son clocher-porche a été restauré en 1704.

Notre petite troupe reprend la route pour Chassignolles où nous nous séparons en deux groupes, l’un à l’église et l’autre à la Maison des traditions.

Chassignolles, musée

Ce petit musée installé dans une ancienne ferme berrichonne présente une multitude d’anciens matériels témoignant de l’évolution de l’agriculture depuis la fin du XIXe siècle : de la traction animale jusqu’aux tracteurs d’après-guerre en passant par les machines à vapeur. Plusieurs ateliers : sabotier, forge... complètent les collections. Nous découvrons également la reconstitution d’une authentique maison paysanne avec son intérieur caractéristique des années 1950.

Chassignolles, église

Nous visitons aussi l’église de l’ancien prieuré Saint-Étienne (Cl. MH 1921). La paroisse dépendait également de Déols dont elle formait dès le xiie siècle un prieuré-cure. Au XIVe siècle, le village était entouré de fortifications. L’église se compose d’une nef couverte en charpente apparente, suivie d’une croisée du transept sur laquelle repose le clocher et se termine par un chevet plat à triplet de baies. Toutes ces parties datent du xiie siècle. Deux chapelles seigneuriales ont été édifiées dans les bras du transept à la fin du XVe siècle.

Châteaumeillant, musée

Après un déjeuner à La Châtre, nous partons pour Châteaumeillant. Ce lieu a été occupé depuis plus de 2 200 ans. Cité gauloise puis gallo-romaine, Châteaumeillant conserve de multiples vestiges qui sont pour la plupart regroupés dans le Musée archéologique Émile Chenon, ancien hôtel dit « Petit château » (ISMH 1964).

Depuis 2001, Sophie Krausz, maître de conférences à l’université Bordeaux-Montaigne, a repris des fouilles. En 2012, la fouille du puits 269 a permis la découverte de quelques 5 600 objets, parmi lesquels se trouvaient quatre objets en bronze exceptionnels datant de la fin du IIe ou du début du IIIe siècle après J.-C.

Châteaumeillant, église

L’église paroissiale Saint-Genès (Cl. MH 1862) compte parmi les plus imposants et les plus beaux édifices de la région.

Le chœur et le transept ont été construits à la fin du XIe siècle, la nef, la façade ouest et le mur ouest du transept, dans la première moitié du xiie siècle. D’abord dédiée à Saint-Étienne, elle a reçu son nom actuel, Saint-Genès (martyr du IIIe siècle), au XVIIe siècle.

Nous terminons cette journée à la cave du Tivoli pour une dégustation des vins du domaine Nairaud-Suberville. Les propriétaires se sont efforcés de regrouper des parcelles pour constituer un des plus grands domaines (21 ha) de l’appellation Châteaumeillant. Le gamay en est un des cépages principaux. Ces vignes se nourrissent d’un sol composé de sable du Trias, plus ou moins recouvert de formations tertiaires ou de micaschistes. Ainsi s’est conclue une journée bien remplie pour un retour à Guéret peu avant 20 h.

Texte : Jean-Philippe Benoist & Gilliane Rommeluère
Photographies : Géraldine Thévenot