Excursion du 1er septembre 2007
Entre Xaintrie et Quercy (19 - 46)
Départ aux aurores de la place Bonnyaud ce premier jour de septembre. Beaulieu-sur-Dordogne, aux confins de la Corrèze et du Lot, mérite qu’on se lève tôt. Nous attendions que l’abbatiale ait fait peau neuve pour nous rendre dans la cité bellocoise, notre attente n’a pas été déçue.
Après un voyage sans histoire, la vallée de la Dordogne apparaît dans la brume matinale, atmosphère ouatée à notre arrivée, mais le soleil prendra vite le dessus et nous accompagnera tout au long de la journée.
Au cours de la matinée nous découvrirons une cité au climat si privilégié que magnolias, palmiers et autres bananiers poussent ici avec beaucoup de luxuriance.
Nous formons deux groupes qui découvriront alternativement, grâce à des guides fort compétents, les quartiers anciens et l’abbatiale, puis la Dordogne à bord d’une gabare, construite à l’identique de ses ancêtres et aménagée pour le bonheur des touristes.
Le bourg de Beaulieu s’installa, à partir du XIIe siècle, autour de l’abbaye fondée dès le IXe siècle par Rodolphe de Turenne (et rattachée à Cluny à la toute fin du XIe siècle). Bourg et abbaye s’entourent de murailles pour former l’enclos monastique. Plus tard, hors les murs, des faubourgs se développent et Beaulieu devient une place commerciale importante. Notre guide nous fera remarquer d’intéressants édifices civils et religieux témoignant de cette opulence. Bien sûr, nous avons consacré un long moment à la visite de l’abbatiale. Chef-d’œuvre de l’art roman (XIIe - XIIIe siècle), elle a possédé d’importantes reliques et attiré de nombreux pèlerins, mais son exceptionnel tympan représentant le Jugement dernier et l’Apocalypse a fait sa célébrité. Elle possède un mobilier et un Trésor remarquables.
L’heure de navigation sur la Dordogne à bord de la gabare Adèle et Clarisse (dernières passeuses à exercer à Beaulieu) fut un moment agréable et instructif. Quoi de mieux que se laisser glisser au fil de l’eau entre des berges verdoyantes, bordées de jolies maisons anciennes. Mais notre guide-gabarier était là pour nous rappeler que la navigation sur la Dordogne n’avait pas toujours été une partie de plaisir. Il raconta la dure vie de ces hommes qui assuraient le transport des marchandises sur les moyenne et basse Dordogne à bord de « couraux » semblable à l’Adèle et Clarisse — construite à l’identique en forme d’hommage. Il raconta aussi la navigation périlleuse des « courpets », petites gabares fabriquées sur le haut cours de la rivière, là où s’élèvent aujourd’hui les grands barrages. Conçus pour descendre une seule fois la rivière, ils transportaient échalas et merrains dans le Bergeracois et le Bordelais avant de retourner à l’état de matière première après leur destruction.
Remercions notre guide, passionné et passionnant, pour son évocation si vivante et pleine de verve d’un passé, pas si lointain, qui n’est pas sans rappeler la dure vie des maçons migrants creusois.
Après un repas, excellent et apprécié, au restaurant Les Flots bleus, nous avions rendez-vous à Castelnau-Bretenoux à une dizaine de kilomètres de Beaulieu, mais dans le Lot, pour visiter l’imposant château fort qui veille, depuis le XIIe siècle, sur un confluent de vallées qu’il domine de façon impressionnante. Dure fut la montée jusqu’à l’entrée où nous attendait notre guide.
Pendant près de cinq siècles, la place s’est fortifiée au rythme de l’art de la guerre. Adapté à l’artillerie au XVe siècle, il se révéla imprenable grâce à ses imposantes murailles, son large fossé et ses hautes courtines à chemin de ronde reliées par des tours d’angles circulaires.
Au XVIIe siècle, il fut embelli de salons richement décorés, de hautes fenêtres et de galeries à portiques. Après 1715, date de la mort du dernier des Castelnau, il connut une longue période de dégradation, jusqu’à son acquisition, en 1896, par le ténor Jean Mouliérat qui le restaura et y rassembla une importante collection de meubles, tapisseries et objets d’art religieux.
Une dernière promenade sur l’esplanade du château et l’heure était au retour. Si Beaulieu-sur-Dordogne ne nous a pas déçus, le château de Castelnau-Bretenoux nous a étonnés.
Gilliane Rommeluère
Jean-Pierre Verguet